Article publié dans “Het Laatste Nieuws” le 27 juin 2025.
Le dollar américain subit une pression accrue. Le 26 juin dernier, il fallait 0,86 euro pour 1 dollar, contre 0,97 euro en février. Et là encore, le président américain Donald Trump y est pour quelque chose.
En quelques mois, le dollar a déjà perdu environ 10% de sa valeur face à l’euro. Il atteint ainsi son niveau le plus bas depuis trois ans et demi.
Le dollar a d’ailleurs reculé non seulement face à l’euro, mais aussi face à d’autres devises. L’indice du dollar (DXY), qui indique la force de la monnaie américaine par rapport à un panier de six devises (57,6% euro, 13,6% yen japonais, 11,9% livre sterling, 9,1% dollar canadien et 3,6% franc suisse), a lui aussi chuté de plus de 10% depuis le Nouvel An. Ces trois derniers mois, il a reculé de 7%.
Une balance commerciale améliorée
L’affaiblissement de la devise joue en faveur du président américain Donald Trump. Cela rend moins intéressant pour les entreprises étrangères d’exporter des biens vers les États-Unis, tout en rendant les produits américains moins chers à l’étranger. Cela devrait améliorer la balance commerciale américaine.
Début de cette année, la devise a été affectée lorsque Trump a annoncé des droits de douane plus élevés pour ses partenaires commerciaux. Les investisseurs craignaient que cela ne rende les biens importés beaucoup plus chers aux États-Unis, ce qui pourrait conduire à une récession économique.
De plus, la baisse de la notation de crédit des États-Unis n’a pas été une bonne nouvelle pour le cours du dollar. L'agence de notation Moody’s a abaissé sa note de Aaa à Aa. Cela signifie toujours qu’elle estime que les États-Unis sont capables de respecter leurs obligations financières, mais que le risque de défaut a légèrement augmenté. La cause en est la montagne croissante de dettes du pays.
Par ailleurs, Donald Trump souhaite que la Réserve fédérale (Fed) baisse les taux directeurs pour donner davantage d’oxygène à l’économie américaine. Si nécessaire, il veut remplacer le président de la Fed, Jerome Powell, si celui-ci ne répond pas à cette demande. Powell est censé rester en poste jusqu’en mai 2026, mais Trump affirme avoir 3 à 4 candidats pour le remplacer plus tôt. La pression exercée sur le dirigeant de la Fed, qui devrait pouvoir agir indépendamment du pouvoir politique, est perçue très négativement par les marchés financiers.
Manque de confiance
« La principale raison de la chute de la devise reste le manque de confiance dans la politique américaine. Traditionnellement, le dollar était la devise refuge par excellence en cas de tensions géopolitiques, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les investisseurs qui veulent mettre leur argent à l’abri se tournent désormais davantage vers l’euro ou le franc suisse, ce qui réduit la demande de dollars. Ils s’attendent à ce que l’économie de la zone euro se comporte mieux grâce aux investissements annoncés dans les infrastructures et la défense », explique Wim D’Haese, Head of Investment Advice chez Deutsche Bank.
« Le sentiment général sur les marchés est que le dollar va encore légèrement baisser, notamment parce que nous nous attendons à ce que la Fed baisse les taux en septembre, ce qui rend l’investissement dans cette devise encore moins attractif », poursuit Wim D’Haese.
Aucune baisse supplémentaire attendue
Wim D’Haese poursuit : « Nous pensons toutefois que la baisse supplémentaire sera limitée. D’ici le milieu de l’année prochaine, nous tablons sur un cours de 1,18 USD pour 1 EUR (soir environ 0,85 EUR pour 1 USD). »
« Tant l’Europe que les États-Unis ont intérêt à ce que le dollar ne chute pas trop. Pour l’Europe, car cela pèserait lourdement sur les exportations vers les États-Unis. Et pour les États-Unis, car ils doivent continuer à attirer des financements étrangers pour couvrir leurs déficits commerciaux », conclut Wim.