Ciel plus dégagé pour l’économie mondiale

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Ciel plus dégagé pour l’économie mondiale

24 juin 2021 - Lu en 4 min

Rédigé par

David Ghezal
Investment Strategist

En résumé :
  • L’économie mondiale devrait enregistrer une croissance très robuste cette année. Cette tendance positive devrait se prolonger l’an prochain. 
  • L’économie US est bien partie pour afficher une croissance record de 6,7% cette année. Quant à la forte accélération de l’inflation, nous estimons qu’elle est temporaire. 
  • En Europe, la reprise économique devrait gagner en intensité dans les prochains mois. Du côté des pays émergents, les perspectives restent plus favorables pour l’Asie que pour l’Amérique latine. 

Depuis quelques mois, le ciel s’éclaircit au-dessus de l’économie mondiale. Pour 2021, une croissance vigoureuse est en vue, et elle devrait se poursuivre en 2022. Malgré les risques liés à l’accélération de l’inflation (surtout aux États-Unis), à la hausse des prix pétroliers et aux nouveaux variants du coronavirus, les perspectives se sont considérablement améliorées depuis le printemps. Chez Deutsche Bank, nous avons dès lors revu nos prévisions de croissance mondiale à la hausse, à 5,8% pour cette année et 4,6% pour l’année prochaine. 

États-Unis : en avant toute !

L’économie américaine a entamé 2021 sur les chapeaux de roues, avec une croissance de 1,6% au premier trimestre (+6,4% en rythme annualisé). La croissance devrait bientôt atteindre un pic, mais les incitants d’une ampleur sans précédent de l’administration Biden et la réouverture rapide de l’économie grâce au succès de la vaccination laissent entrevoir une croissance de 6,7% en 2021 (le chiffre le plus élevé depuis 1984). La consommation privée devrait en être le principal moteur, alimentée par l’excédent d’épargne des ménages – dont la situation financière s’est notablement améliorée pendant la crise sanitaire – et les “dépenses de rattrapage” après la sobriété affichée durant les confinements. 

Les effets positifs de l’accélération de la croissance en 2021 et les dépenses d’infrastructures planifiées par l’administration Biden nous amènent à penser que l’économie américaine croîtra de 5,2% en 2022. Pour rappel, ce sont 4.000 milliards de dollars qui sont envisagés au total dans le cadre des ‘American Jobs Plan’ et ‘American Family Plan’, même si les dépenses réelles seront sans doute inférieures en raison des réticences des Républicains. 

Le plus grand risque outre-Atlantique réside dans une surchauffe de l’économie et une poursuite de la hausse de l’inflation. Nous estimons cependant que le regain d’inflation (+5% en mai sur base annuelle) est temporaire, en raison des faibles bases de comparaison, de l’effet de réouverture de l’économie et de certaines contraintes du côté de l’offre. Il est aussi et surtout important de regarder le marché de l’emploi, dont l’évolution n’est pas encore satisfaisante à l’heure actuelle : le taux de chômage est certes revenu à 5,8%, mais il y a toujours 7,6 millions d’emplois en moins par rapport à la période pré-Covid. La Fed souhaite voir une forte croissance de l’emploi, mais aussi un marché du travail plus inclusif, autrement dit une reprise qui profite à un maximum d’Américains. Selon nous, la Fed devrait commencer à réduire ses achats d’obligations début 2022 (avec l’entame des discussions à ce sujet en août), et attendra 2023 pour mettre fin à sa politique de taux zéro. 

Zone euro : l’horizon s’éclaircit enfin

Malgré l’impact négatif des confinements, la récession en zone euro a été moins sévère que prévu (-0,3% au 1er trimestre 2021 par rapport au 4e trimestre de 2020). Certains pays, comme la Belgique (+1%) et plus étonnamment l’Italie (+0,1%), ont même affiché une croissance positive. Entre-temps, les campagnes de vaccination tournent à plein régime, avec à la clé moins de restrictions et un regain de confiance des consommateurs et des entreprises. 

Les indicateurs avancés montrent que la reprise devrait encore gagner en intensité, soutenue par la consommation des ménages, un investissement des entreprises résilient et la hausse des exportations. Le plan de relance ‘Next Generation EU’ a en outre été approuvé par tous les États membres et les premières tranches d’aides vont donc pouvoir être débloquées. Conjuguée aux plans de relance nationaux, cette manne doit soutenir le climat d’investissement, surtout dans les pays européens les plus touchés par la crise. 

Nous anticipons que la croissance économique de la zone euro atteindra 4,2% en 2021, et qu’elle se renforcera à 4,6% en 2022. Cette progression devrait ramener le PIB de la zone euro à son niveau pré-pandémie au début de l’an prochain. Des différences subsisteront néanmoins entre les différents pays (Allemagne et France vs. Espagne et Italie). Malgré ces perspectives favorables, le chômage – 8% en avril – ne devrait se résorber que très progressivement. 

Bien que plus optimiste pour les perspectives économiques de la zone euro, la BCE estime qu’une politique monétaire très accommodante reste indispensable pour stimuler la reprise en cours et pour favoriser le retour durable de l’inflation vers l’objectif visé d’un niveau proche de, mais inférieur à 2%. Par conséquent, la BCE a confirmé le maintien de taux d’intérêt plancher et la poursuite des achats nets d’actifs dans le cadre du programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP) à un rythme élevé au 3e trimestre.

Japon : les JO de Tokyo sans effet

Les restrictions sanitaires de l’hiver dernier ont provoqué une contraction économique de -1% au premier trimestre. La prolongation de l’état d’urgence est aussi venue freiner la reprise économique durant le 2e trimestre, surtout dans le secteur des services. Point positif, les exportations nipponnes sont soutenues par une forte demande, surtout en provenance de Chine. Malgré l’opposition de très nombreux Japonais, il semblerait que les Jeux olympiques se dérouleront bel et bien cet été à Tokyo, mais sans spectateurs étrangers. Leurs retombées économiques devraient donc être négligeables. Nous anticipons une croissance de 2,7% en 2021 et de 2,6% en 2022. 

Pays émergents : l’Asie se porte beaucoup mieux que l’Amérique latine

En ce qui concerne les pays émergents, nous estimons que l’Asie continuera globalement à faire beaucoup mieux que les autres régions, et ce tant en termes de gestion de la crise sanitaire, de reprise économique, de potentiel de croissance à long terme, de maîtrise de l’inflation, que de mise en œuvre de réformes. 

L’an dernier, la Chine a déjà retrouvé son niveau de production pré-Covid. Pour 2021, nous prévoyons une croissance robuste de 8,7%. Outre la consommation intérieure, les exportations devraient fortement contribuer à cette marche en avant. En 2022, nous tablons sur un ralentissement de la croissance à 5,5%. Les autorités chinoises veulent clairement mettre l’accent sur une croissance plus stable et de meilleure qualité sur le long terme, moins dépendante des interventions publiques et de la création de dette. Les axes stratégiques de cette nouvelle approche sont détaillés dans le nouveau plan quinquennal. 

En Inde, après un excellent 1er trimestre, l’aggravation de la crise sanitaire en avril et en mai a cruellement souligné les limites du système de santé et des infrastructures du pays. Cette évolution devrait avoir freiné la demande intérieure au 2e trimestre, mais l’économie devrait peu à peu repartir de l’avant par la suite. Le programme de vaccination de masse devrait passer à la vitesse supérieure dans les prochains mois après les interruptions initiales. Tandis que le gouvernement a jusqu’ici concentré ses efforts sur l’octroi de crédits aux secteurs en difficulté, la banque centrale a laissé ses taux à un niveau plancher (4%) et a promis d’autres mesures d’assouplissement quantitatif pour favoriser la reprise. Nous anticipons une croissance de 10% en 2021 et de 6,5% en 2022. 

Au lendemain d’une profonde récession, la reprise attendue en Amérique latine en 2021 devrait être modérée. Le Covid sévit toujours sur ce continent, le climat politique est incertain et il existe un risque accru de troubles sociaux. 

Bien que la croissance ait été plus forte que prévu au premier trimestre (+1,2%), les indicateurs d’activité récents révèlent que le Brésil – la plus grande économie de la région – reste dans une situation délicate. Le taux de chômage culmine à 14,7% et, suite à une gestion chaotique de la crise sanitaire, le pays est confronté à une troisième vague. Malgré l’état précaire des finances publiques, le gouvernement n’a eu d’autre recours que de reprendre le versement d’allocations d’urgence, mais pour des montants plus faibles et moins de bénéficiaires. En revanche, la banque centrale a relevé son taux directeur de 2% à 3,5% et devrait encore resserrer sa politique monétaire face à une inflation en forte progression. Le Brésil profite incontestablement de la vigueur de ses exportations de matières premières, sur fond de reprise mondiale, mais la relance reste fragile et la croissance devrait à peine atteindre 3% cette année.

Prévisions de croissance pour 2021 – 2022 (PIB réel, %)

  2021 2022
Monde
5,8 (+0,5) 1 4,6 (+0,2) 
États-Unis
6,7 (+1,7)
5,2 (+1,4)
Zone euro 4,2 (+0,7)
4,6 (+0,1)
Allemagne 3,3 (+0,3)
4,5 (+0,5)
Italie 4,5 (+1,5)
4,7 (-0,3)
Royaume-Uni 6,5 (+2,0)
5,7 (-0,3)
Japon 2,7 (+0,2)
2,6 (-0,4)
Chine
8,7
5,5
Inde
10,0 (-1,0)
6,5
Brésil 3,0
2,4
Russie
3,3 (+0,3)
2,5

Source : Deutsche Bank Wealth Management, juin 2021
1 Entre parenthèses, les différences par rapport aux prévisions de mars 2021

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