La BCE opte pour un recalibrage sans changement majeur

Marchés

La BCE opte pour un recalibrage sans changement majeur

10 septembre 2021 - Lu en 3 min

Rédigé par

Gerit Heinz & Stefan Köhling

Chief Strategist - CFA®Investment Strategist Europe

En résumé :
  • La BCE a décidé, lors de sa réunion de septembre, de réduire ses achats nets d'actifs dans le cadre du PEPP au cours du 4e trimestre.
  • Cette décision n'a eu qu'un impact limité sur les marchés financiers. Ce sont les marchés obligataires qui en ont le plus profité.
  • Une baisse modérée du rythme des achats nets d'actifs ne constitue pas un changement majeur. Nous pensons que la BCE va poursuivre sa politique accommodante pour le moment.

Que s’est-il passé ?

Lors de sa réunion de septembre, la BCE a décidé de réduire ses achats nets d'actifs dans le cadre du programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP). Elle n'a pas précisé le volume exact d'actifs qu'elle achètera à l’avenir. Les marchés anticipaient largement que la BCE réduise ses achats nets d'actifs dans le cadre du PEPP, à un rythme compris entre le niveau relativement bas du 1er trimestre 2021 et les achats élevés des 2e et 3e trimestres. Lors de la conférence de presse, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré qu'il n'y avait pas eu de discussion sur la date de fin du PEPP. La BCE a par ailleurs confirmé ses autres mesures de politique monétaire et les a laissées inchangées.

Légères modifications des projections de croissance et d’inflation

La BCE a également publié ses nouvelles projections macroéconomiques. Elle a légèrement modifié ses prévisions de PIB et d'inflation. Le PIB devrait maintenant croître de 5,0% en 2021 (prévision précédente : 4,6%), de 4,6% en 2022 (prévision précédente : 4,7%) et de 2,1% en 2023 (prévision précédente : 2,1%). L'inflation devrait s'établir à 2,2% en 2021 (prévision précédente : 1,9%), à 1,7% en 2022 (1,5%) et à 1,5% en 2023 (1,4%).

La hausse de l’inflation, un phénomène temporaire

La présidente de la BCE a insisté sur le fait que l'inflation élevée était considérée comme un phénomène largement temporaire, comme le montrent les projections du staff de la BCE. Elle prévoit cependant une légère amélioration (c'est-à-dire une hausse) des perspectives d'inflation à moyen terme, ce qui contribuerait à justifier le ralentissement du rythme des achats d'actifs. Les conditions de financement sont généralement considérées comme favorables et tenables à un rythme moins élevé d'achats d'actifs.

L’augmentation des salaires, un risque modéré pour l’inflation

La BCE considère que les risques pesant sur ses perspectives sont globalement équilibrés, mais elle voit néanmoins des risques de hausse de l'inflation si les goulets d'étranglement du côté de l'offre persistent et se traduisent par une croissance des salaires plus forte que prévu. La BCE surveille également de près les effets de second tour actuels. Pour l'instant, la croissance des salaires dans la zone euro est considérée comme ne présentant qu'un risque modéré pour l'inflation, car il y a encore beaucoup de personnes sans emploi et un nombre important de travailleurs bénéficiant de programmes de maintien de l'emploi. 

Christine Lagarde a également annoncé que la BCE discutera des futurs achats nets d'actifs et des deux programmes d'achat d'actifs, APP et PEPP, lors de sa réunion de décembre.

Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?

La réunion de la BCE n'a eu qu'un impact mineur sur les marchés financiers. L'indice Euro Stoxx 50 a fini à l’équilibre. Les rendements des emprunts d'État allemands à 10 ans ont légèrement diminué (-3 points de base) pour s'établir à -0,35%. De leur côté, les rendements des emprunts d'État italiens à 10 ans ont baissé de 7 points de base pour s'établir à 0,67% et les rendements des emprunts d'État espagnols à 10 ans ont diminué de 5 points de base pour s'établir à 0,53%, montrant que les investisseurs de la périphérie de la zone euro ont apprécié le signal du soutien continu de la BCE. Le taux de change EUR/USD est pour sa part resté inchangé à 1,18. 

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs ?

Le ralentissement modéré du rythme des achats nets d'actifs par rapport aux trimestres précédents constitue un changement de politique, mais pas un changement majeur. Il s'agit principalement d'une reconnaissance de la reprise de l'économie de la zone euro, même si le variant delta peut toujours entraver ce processus. Le programme d'achat d'actifs (APP) n'a pas été modifié. Les perspectives d'inflation n'ont que modérément changé et, comme la BCE considère que la reprise est graduelle, elle n’anticipe pas de pression salariale massive. 

Un soutien continu reste nécessaire

Toutefois, l’impression est que le risque de hausse de l'inflation est perçu comme étant un peu plus élevé que précédemment. Selon les nouvelles projections macroéconomiques, l'inflation ne dépassera que modérément l'objectif de la BCE cette année, mais les prévisions d'inflation pour 2022 et 2023 sont encore bien inférieures à 2%, ce qui suggère qu’un soutien continu est nécessaire. Lors de la conférence de presse, Christine Lagarde a précisé qu'il s'agissait d'un "recalibrage" du PEPP. Le PEPP étant explicitement lié à la pandémie par son nom, il sera difficile de justifier le programme lorsque l'état d'urgence ne sera plus évident. Le PEPP durera donc au moins jusqu'en mars 2022, mais il devrait ensuite expirer avec une transition en douceur et une augmentation de l'APP afin de stimuler la réalisation de l'objectif d'inflation de la BCE. 

La politique de la BCE va rester souple

Au vu des perspectives d'inflation, de l'ajustement seulement modéré du PEPP et des perspectives inchangées pour l’APP, la politique monétaire de la BCE devrait rester souple. La réunion de décembre de la BCE sera probablement plus concluante quant aux perspectives futures du PEPP et de l’APP. Le montant total des achats d'actifs en 2022 devrait être inférieur au niveau de 2021.

Vers une remontée des taux obligataires à moyen terme

Les nouvelles projections macroéconomiques indiquent une amélioration des perspectives économiques cette année et s'accordent donc bien avec un ajustement modéré du PEPP. Comme l'inflation devrait encore être inférieure à l'objectif de 2% en 2022 et 2023, la politique monétaire devrait rester accommodante, mais avec des achats d'actifs à des niveaux plus bas. La diminution des achats d'obligations de la BCE et l'abondance de l'offre devraient engendrer une remontée des taux d'intérêt à moyen terme. Nous anticipons un rendement de -0,60% pour le Bund allemand à 2 ans et de 0,00% pour le Bund allemand à 10 ans d'ici fin septembre 2022.

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