Les arguments en faveur d’un rebond s’accumulent-ils ?

Marchés - 24 mai 2022

Les arguments en faveur d’un rebond s’accumulent-ils ?

Rédigé par Christian Nolting (CIO Private Bank) 

En résumé :
  • Depuis le début de l'année, nous avons assisté à des évolutions géopolitiques, macroéconomiques et de marché exceptionnelles.
  • Un atterrissage en douceur serait le bienvenu car il permettrait à l'inflation de diminuer dans un contexte de ralentissement de la croissance, tout en évitant une sévère récession.
  • Les arguments en faveur d'un rebond s'accumulent, mais une approche d'investissement disciplinée reste essentielle dans cet environnement de marché exigeant.

Nous avons observé des développements exceptionnels sur les plans géopolitique, macroéconomique et des marchés depuis le début de l'année. Les marchés financiers ont réagi à l'accroissement des incertitudes et aux inquiétudes macroéconomiques par des pertes importantes. À certains égards, les obligations ont enregistré des performances encore plus mauvaises que les actions, l’indice obligataire global agrégé ayant effacé près d'une décennie de rendement total cumulé. Alors que la plupart des investisseurs étaient préparés à une normalisation du marché obligataire, la rapidité et l'ampleur du mouvement de vente massif ont été plus importants que prévu.

Les implications pour les investisseurs en actions ont été tout aussi sombres : les favoris des années précédentes ont le plus souffert de la remontée des taux obligataires qui a conduit les investisseurs à remettre en question les niveaux des valorisations. Les parties les plus en vue du marché, c’est-à-dire les actions de croissance que l'on retrouve généralement dans l’indice technologique Nasdaq, sont de ce fait à la traîne des actions de valeur, des titres auparavant délaissés qui s'accompagnent naturellement de valorisations plus faibles.

Quelles pourraient être les conditions de marché futures ?

Cela dit, l’environnement de marché futur pourrait s'avérer très différent. Nous constatons que l'inflation atteint déjà un pic aux États-Unis et qu’elle s'approche de sommets dans la zone euro. L'évaluation par le marché d'une politique monétaire restrictive a été très agressive et il paraît difficile pour les banques centrales d’aller encore plus loin que les attentes des investisseurs ("pic dans l’attitude restrictive"). On peut même se demander si les banquiers centraux souhaitent vraiment ralentir l'économie de manière significative compte tenu des craintes de récession croissantes. Quoi qu'il en soit, un scénario d'atterrissage économique en douceur serait le bienvenu, car les pressions sur les prix pourraient s'atténuer dans un contexte de ralentissement de la croissance, tout en évitant une sévère récession.

Nous pensons généralement que le pire du mouvement de liquidation du marché obligataire est derrière nous, étant donné que les revenus ont maintenant été réintégrés dans cette classe d'actifs. Cela pourrait à nouveau susciter l’intérêt des investisseurs pour les obligations, ce qui devrait à son tour contribuer à stabiliser les marchés boursiers. Un autre coupe-circuit pourrait venir de la Chine. La croissance économique a tellement ralenti qu'on peut concevoir une approche "quoi qu’il en coûte" de la part des responsables politiques chinois. Combinée à une réouverture probable de l’économie dès que l’évolution du Covid le permettra, les chaînes d'approvisionnement pourront être rétablies et la consommation pourra reprendre.

Situation mitigée

La situation sur les marchés reste partagée entre deux courants. D'une part, les bénéfices solides des entreprises et le pessimisme maximal reflété par le sentiment dégradé et le positionnement des investisseurs constituent la base de puissants rallyes dès que le flux de nouvelles s'améliorera. D'autre part, l'environnement géopolitique et macroéconomique reste très fragile. Par conséquent, une approche d'investissement disciplinée reste indispensable dans ce contexte de marché exigeant.

Quatre éléments à garder à l'esprit

 
1. Un pic de croissance ? Les indices PMI donnent une indication

Un regard sur la valorisation des secteurs cycliques par rapport aux secteurs défensifs suggère que certaines parties du marché boursier anticipent déjà une récession. En outre, les données tirées des enquêtes montrent que le sentiment des investisseurs est exceptionnellement faible. Les indices PMI de cette semaine permettront de savoir si les principales économies développées se dirigent réellement vers un ralentissement. Si les prix élevés de l'énergie et les problèmes persistants de la chaîne d'approvisionnement ont contribué à ralentir une partie de l'activité manufacturière, le consensus prévoit que la reprise après la pandémie a accéléré l'activité dans le secteur des services. Le rythme de la croissance globale a peut-être ralenti, mais il reste fermement en territoire d'expansion. Des données économiques solides peuvent calmer la nervosité des marchés et restaurer une partie de la confiance perdue dans les secteurs cycliques.

A retenir : La croissance devrait ralentir mais rester dynamique. Des données positives pourraient améliorer le sentiment de marché.

2. États-Unis : le procès-verbal de la dernière réunion de la Fed et l'inflation en ligne de mire

Le 4 mai dernier, la Fed a annoncé une hausse de 50 points de base de son taux directeur - et la perception est que de nombreuses autres hausses de taux vont suivre. Après la plus importante hausse de taux depuis 2000, les investisseurs surveilleront de près le compte-rendu du dernier FOMC qui paraîtra ce mercredi 25 mai et qui pourrait donner des indices sur l'orientation future de la politique monétaire et sur l'évaluation de l'économie américaine par la Fed. Il y a de bonnes chances que le pic dans l’attitude restrictive de la Fed ait été atteint. Ce vendredi 27 mai, le PCE core deflator, qui est la mesure d'inflation préférée de la Fed, pourrait marquer un premier succès dans la lutte contre une inflation obstinément élevée. Le consensus s'attend à une baisse de 0,3% jusqu’à 4,9% en glissement annuel. Tout signe de modération de l'inflation pourrait augmenter la probabilité d'un atterrissage économique en douceur, ce qui pourrait réduire l'incertitude et améliorer le sentiment de marché.

A retenir : l'inflation, telle que mesurée par l'indice préféré de la Fed, pourrait avoir diminué et indiquer un pic dans l’attitude restrictive de la Fed.

3. Actions des marchés développés : potentiel de hausse toujours présent

Les marchés boursiers mondiaux ont baissé de façon significative ces derniers mois en raison de l'accélération du resserrement de la politique monétaire, de la forte hausse des taux obligataires, du ralentissement de la croissance et des développements inquiétants dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine et sur le front de la pandémie de Covid-19 en Chine. Bien que nous anticipions une volatilité de marché élevée à court terme, nos objectifs de cours pour les principaux indices boursiers impliquent toujours un potentiel de hausse attractif sur un horizon de 12 mois. Dans notre scénario de base, nous anticipons une croissance à un chiffre des bénéfices dans toutes les régions, grâce à une forte croissance des ventes et des marges bénéficiaires élevées mais en baisse. De plus, les taux d’intérêt réels US ne devraient augmenter que modérément par rapport aux niveaux actuels et tout de-rating supplémentaire des valorisations devrait être compensé par une baisse des primes de risque sur les actions.

A retenir : le risque d'un atterrissage économique brutal est important mais le potentiel de hausse des actions reste intact au vu de valorisations attractives.

4. USD : faiblesse attendue à moyen terme

La volatilité des marchés de capitaux et les incertitudes géopolitiques font en sorte que le dollar est toujours recherché par les investisseurs en tant que "devise refuge". La trajectoire attendue des hausses de taux de la Fed par rapport à celle de la BCE est un autre facteur de soutien. Bien que l'USD devrait rester recherché à court terme, il pourrait se déprécier à moyen terme parce que l'orientation de la politique monétaire aux États-Unis est déjà largement et agressivement prise en compte dans les cours. En outre, il existe encore du potentiel pour une politique monétaire plus restrictive dans la zone euro que celle qui est actuellement prise en compte pour contrer une inflation élevée, surtout en 2023. Par conséquent, nous anticipons un taux de change EUR/USD de 1,10 d'ici fin juin 2023.

A retenir : les anticipations déjà agressives de resserrement monétaire de la Fed impliquent que le potentiel de hausse du dollar US est limité.

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