Venture capital ou adventure capital?

Investissements

Venture capital ou adventure capital?

22 avril 2022 - Lu en 4 min. 

Rédigé par

Christian Nolting & Ivo Višić
Global Chief Investment Officer & Head Investment Solutions - Senior Investment Officer Europe

En résumé :
  • Le principe du capital à risque – venture capital – consiste à investir dans une entreprise qui en est encore à ses balbutiements. Comme Steve Jobs à ses débuts, qui travaillait depuis son garage.
  • Plus les risques sont grands, plus le rendement potentiel est élevé. Cette règle d’or de l’investissement s’applique encore davantage au venture capital. Sur vingt ans, le S&P 500 a progressé de 5,9% par an en moyenne, le capital à risque de 13,1% et le top 50 des sociétés VC les plus performantes de 76,1%.
  • Il est absolument essentiel d’avoir conscience du risque substantiellement supérieur qui est lié au capital à risque, et ce par rapport aux classes d’actifs traditionnelles. Ainsi, les investisseurs VC considèrent généralement que les deux tiers de leurs investissements à risque se solderont par des échecs.

Alors que les taux se préparent à augmenter à nouveau, le rendement historiquement bas de l’épargne et des obligations devrait perdurer un certain temps. Pour de nombreux investisseurs, la seule manière de générer du rendement est d’investir dans des actions. Il existe toutefois d’autres manières d’investir dans les entreprises, en dehors de la bourse. Comme les investissements en private equity, c’est-à-dire dans des entreprises non cotées, qui sont déjà en vitesse de croisière. Ou comme l’investissement à risque, encore plus proche de la source. Les investisseurs VC entrent en effet dans le capital de l’entreprise alors qu’elle n’en est encore qu’à ses balbutiements. Comme Steve Jobs dans son garage, à l’époque.

Venture capital, pourquoi ?

La plupart des entreprises ont besoin d’un financement extérieur entre leurs débuts et le moment où elles dégagent leurs premiers bénéfices. Pour les start-ups, il est difficile de bénéficier des sources de financement classiques, car leur visibilité est nulle et elles n’ont encore rien prouvé. C’est ici qu’intervient le capital à risque. Lorsque l’entreprise est encore en pleine phase de décollage, les investisseurs VC peuvent lui fournir du capital, en échange d’une participation. Le jour où l’entreprise entre en bourse, est rachetée ou poursuit ses activités sous une autre forme plus rentable, ces investisseurs valorisent cette participation.

Le capital à risque peut prendre diverses formes. Certaines entreprises VC se spécialisent dans la détection et le financement de start-ups prometteuses. Le capital VC peut aussi provenir d’angel investors, à savoir des particuliers ultra-fortunés. Troisième type d’investisseurs à risque, les associations de banques et/ou d’entreprises, qui financent les sociétés débutantes.

Les investisseurs VC ne se contentent pas de déposer de l’argent sur la table. Ils participent aussi activement au management, fournissent du coaching, aident à nouer des contacts, etc. Cette collaboration se poursuit généralement jusqu’à ce que l’entreprise soit capable de se débrouiller seule.

Pourquoi ce regain de popularité du capital à risque ?

En termes absolus, les investissements VC dans le monde ont augmenté en moyenne de 13,5% par an entre 2015 et 2020. En 2020, ce sont pas moins de 330,2 milliards de dollars qui ont été investis. Et en 2021, tous les plafonds ont explosé avec 671 milliards de dollars1, soit une progression annuelle de 103%.

Les investissements à risque ne sont pas nouveaux. Leurs origines remontent aux années '40, mais ils se sont généralisés dans les années '70 et '80. Ils ont parfaitement rempli leur office pendant trois décennies, jusqu’à l’explosion de la bulle technologique en 2000. Un désamour pour l’investissement à risque s’en est logiquement suivi. Au cours des dix dernières années, internet a toutefois donné naissance à plusieurs modèles d’entreprise novateurs et hautement rentables. Ces succès ont inversé la tendance pour le capital à risque. En 2020, la pandémie a ébranlé l’économie, mais a stimulé l’innovation et l’émergence de nouveaux modèles. Voilà qui explique la phénoménale envolée des investissements VC en 2020, et surtout en 2021.

De notre point de vue, le climat à moyen terme reste favorable au capital à risque. D’énormes sommes d’argent dorment et sont à la recherche de rendement. En raison des faibles taux en vigueur dans de nombreuses régions du monde, les investisseurs continueront sans doute à s’intéresser au capital à risque.

Le marché VC sera aussi boosté par la digitalisation et par l’évolution des habitudes de consommation. Dernier élément, les maisons de fonds et les banques offrent un accès de plus en plus aisé aux investissements VC à leurs clients ultra-fortunés.

Risqués, les investissements VC ?

Contrairement aux actions et obligations, qui s’achètent et se vendent aisément, les investissements VC sont extrêmement peu liquides. Là où une action se vend en un clic de souris, ce n’est pas le cas d’un investissement VC.

Le capital à risque est donc très peu liquide, mais aussi très risqué : rares sont en effet les investissements VC à se solder positivement. Une étude menée entre 2009 et 2018 par Correlation Ventures sur 27.000 investissements à risque révèle que 64% d’entre eux n’ont pas permis à leur investisseur de récupérer sa mise initiale. En gros, on peut considérer que les deux tiers de ces investissements se soldent par un échec. Le rendement dépend donc de la (forte) performance d’une minorité d’investissements. Si vous investissez dans le capital à risque, n’oubliez donc pas cette règle d’or, plus essentielle que jamais : ne placez pas tous vos œufs dans le même panier.

Autre élément à prendre en compte : l’horizon d’investissement. Généralement, vous ne récupérerez pas votre capital investi avant une dizaine d’années. Plusieurs tours d’investissement sont en outre souvent nécessaires. Le venture capital est donc une classe d’actifs à part, caractérisée par de grands risques, une indispensable patience et un suivi attentif.

VC : quelles performances par rapport aux autres classes d’actifs ?

Plus les risques sont grands, plus le rendement potentiel est élevé. Cette loi s’applique au capital à risque. Selon les études de Cambridge Associates, les investissements à risque aux États-Unis prestent mieux que le S&P 500 sur des périodes de 3, 5, 10, 15 et 20 ans. Si (hypothèse) vous pouviez investir dans les 50% d’entreprises VC les plus performantes, la différence serait encore plus grande. En 20 ans, le S&P 500 a atteint un rendement annuel de 5,9%, le capital à risque 13,1% et les 50 sociétés VC les plus performantes 76,1%. Il s’agit bien évidemment de rendements historiques, qui n’ont aucune valeur prédictive des rendements futurs.

Les performances du passé ne constituent pas une garantie de rendement pour l’avenir.

Le capital à risque mérite-t-il une place dans un portefeuille ?

Malgré l’intérêt des investisseurs institutionnels et de personnes très fortunées, le capital à risque est à peine représenté dans le portefeuille des investisseurs particuliers. En un sens, cette désaffection est logique. La majorité des particuliers ont un profil d’investisseur défensif, avec une grande aversion au risque. Ce type d’investissement présente en outre d’autres inconvénients, tels que les montants considérables à engager, ainsi que la nécessité d’un strict suivi.

Côté pile, les investissements VC permettent de s’exposer à des industries et technologies en devenir. Ils offrent aussi une protection contre les risques inhérents aux entreprises adultes, potentiellement plus sensibles aux disruptions.

Dans l’optique de la diversification, il convient de souligner que les actions cotées publiquement ne sont plus aussi diversifiées que jadis. Aux États-Unis par exemple, les entreprises cotées en bourse sont deux fois moins nombreuses qu’en 1996. Cette évolution s’explique par le coût élevé d’une introduction en bourse et par la disponibilité croissante de capital privé. Voilà pourquoi nombre d’entreprises débutantes se financent par du capital à risque.

En conclusion, il est important d’avoir conscience des risques substantiels qui sont liés au capital à risque, et ce par rapport aux investissements plus traditionnels. Le schéma ci-dessous illustre le profil de risque-rendement du capital à risque comparé à celui des principales classes d’actifs traditionnelles.

Risques et rendement des différentes classes d'actifs

Cet article est inspiré d’un rapport de Deutsche Bank :
CIO Special – Venture Capital Investing; Returns and Diversification (septembre 2021).


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1 Source: https://assets.kpmg/content/dam/kpmg/xx/pdf/2022/01/venture-pulse-q4-2021.pdf

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