Une rentrée sous le signe du stress pour les marchés

Marchés & Investissements - 6 octobre 2022

Le plus gros de la tempête est-il passé ?

Rédigé par David Ghezal - Investment Strategist

En résumé :
  • Le 3e trimestre a une nouvelle fois mis les nerfs des investisseurs à rude épreuve.
  • Malgré une volatilité de marché qui ne devrait pas s’atténuer de sitôt, nous restons prudemment optimistes pour les actions mondiales.
  • Les marchés obligataires proposent à nouveau des rendements intéressants après des années de vaches maigres. Ceux-ci pourraient offrir une compensation adéquate de l’inflation sur le long terme.

Le trimestre écoulé s’est soldé par de nouvelles baisses pour les principales classes d’actifs, en raison notamment d’un mois de septembre délétère sur les marchés. Il faut dire que le cocktail servi aux investisseurs a été pour le moins indigeste.

Les banques centrales continuent de relever les taux à un rythme soutenu

Sur le front monétaire, la salve de hausses de taux d’intérêt des banques centrales et leur volonté clairement affichée de juguler une inflation plus tenace que prévu ont accentué les craintes de récession. A ce titre, la Réserve fédérale (Fed) a douché les espoirs - un temps entretenus - d’assister à un revirement rapide de sa politique monétaire et a confirmé son intention de continuer à relever les taux à un rythme soutenu à l’avenir. Bien que le point de départ soit différent de celui de la Fed, le son de cloche a été identique du côté de la Banque centrale européenne (BCE) qui a sensiblement relevé le loyer de l’argent depuis juillet.

Sueurs froides sur les marchés

Sur fond d’escalade de la guerre en Ukraine, les perturbations majeures de l’approvisionnement en énergie de l’Europe (suspension des livraisons russes, sabotage des gazoducs Nordstream) et leur impact sur les prix du gaz et de l’électricité ont également donné des sueurs froides aux investisseurs. Enfin, le vent de panique qui a soufflé sur les actifs britanniques après l’annonce des baisses d’impôts les plus importantes depuis un demi-siècle a renforcé le malaise ambiant, obligeant même la Bank of England à intervenir d’urgence pour ramener l’ordre sur les marchés.

Troisième trimestre de baisse consécutive pour les bourses

A l’issue de ce trimestre mouvementé, les marchés boursiers ont cédé du terrain dans toutes les régions. L’indice S&P 500 a perdu 5,3% et l’indice Stoxx Europe 600 a reculé de 4,7%. Ils ont ainsi enregistré trois trimestres de baisse d’affilée pour la première fois depuis plus d’une décennie. La punition a encore été plus lourde pour les marchés émergents (MSCI EM) qui ont dévissé de 12,5%.

Coup dur pour les marchés obligataires

L’inflation record et l’attitude restrictive des banques centrales ont également provoqué de fortes bourrasques sur les marchés obligataires. Les bons du Trésor US et les emprunts d’Etat de la zone euro ont ainsi lâché respectivement 4,4% et 5,1% sur les 3 derniers mois. Néanmoins, ce sont de loin les emprunts d’Etat britanniques (-13,5%) qui ont le plus souffert en raison des évolutions spécifiques au Royaume-Uni. Les autres segments obligataires n’ont pas davantage réussi à garder la tête hors de l’eau. Les obligations d’entreprises Investment Grade en euros ont par exemple cédé 3,1% et celles libellés en dollars -5,1%.

Du côté des matières premières, le rouge a aussi été la couleur dominante, avec une chute de plus de 23% du prix du pétrole Brent. Sur le marché des changes, le dollar US a profité de la fermeté de la Fed pour affirmer son hégémonie vis-à-vis des principales devises. Ce faisant, le billet vert a gagné 7% contre l’euro et atteint au passage un nouveau sommet inédit depuis fin 2002.

La volatilité reste de mise

Selon nous, la forte volatilité de marché ne devrait pas s’atténuer de sitôt. Le niveau inconfortablement élevé de l’inflation, le durcissement généralisé (hors Chine et Japon) des politiques monétaires des banques centrales, la récession qui se profile de part et d’autre de l’Atlantique et une saison de publication des résultats du 3e trimestre qui devrait montrer l’étendue des pressions sur les marges des entreprises n’incitent pas vraiment à l’optimisme. Bien que l’avenir nous dira si nous avons déjà atteint le creux de la vague en bourse, beaucoup de mauvaises nouvelles sont cependant déjà reflétées dans les cours.

Le sentiment des investisseurs au plus bas

Les ratios cours/bénéfices ont fortement baissé, surtout en Europe et en Asie, et se situent à des niveaux nettement inférieurs à leur moyenne à 10 ans. De même, la valorisation des valeurs cycliques par rapport aux valeurs défensives est plus faible que lors de toutes les crises majeures récentes (bulle technologique, crise financière globale, crise de la dette souveraine et Covid). Par ailleurs, les gérants de fonds ont déjà sensiblement réduit leur exposition aux actions, de sorte que leur positionnement sur la classe d’actifs est très faible. Enfin, le sentiment des investisseurs a rarement été aussi pessimiste, ce qui a souvent constitué un bon indicateur contraire (= un bon moment d’achat) par le passé.

Nous restons prudemment optimistes pour les actions mondiales

Malgré un contexte de marché difficile et une visibilité réduite, nous restons prudemment optimistes pour les actions mondiales, nos prévisions indiquant un potentiel de hausse sur un horizon de 12 mois à partir des niveaux actuels. Les Etats-Unis et la zone euro ne pourront éviter une période de contraction économique mais, selon nous, ces récessions devraient être de courte durée et derrière nous d’ici à la mi-2023. En Europe, nous avons déjà vu de premiers signes d'une adaptation réussie du secteur manufacturier à la pénurie d'énergie.

Les secteurs financier, des soins de santé et de la technologie ont notre préférence

En outre, une réponse budgétaire forte en Allemagne et ailleurs en Europe devrait contribuer à atténuer l'impact négatif sur les consommateurs. La baisse de l'activité économique devrait contribuer à freiner l'inflation, mais celle-ci continuera à stimuler les revenus et les bénéfices nominaux des entreprises. Par conséquent, nous pensons que les bénéfices agrégés se maintiendront mieux dans le cycle actuel que lors des récessions passées qui avaient entraîné des reculs marqués de ceux-ci. Les secteurs financier (bénéficiaire des hausses de taux d’intérêt), des soins de santé (stabilité, caractère défensif) et de la technologie (potentiel de croissance structurel, bénéfices résilients) comptent parmi nos secteurs favoris.

Retour des rendements obligataires à des niveaux attractifs

Avec le cycle de hausse des taux agressif des banques centrales, la plupart des segments du marché obligataire proposent à nouveau des rendements intéressants après des années de vaches maigres. Ces rendements restent certes généralement inférieurs à l’inflation pour l’instant. Mais, compte tenu de la détermination des banques centrales à faire baisser sensiblement l’inflation, ils pourraient néanmoins offrir une compensation adéquate de celle-ci sur le long terme. Dans l’environnement de marché actuel, nous recommandons de mettre l’accent sur la qualité et la liquidité au détriment du seul rendement.

Pour les emprunts d’Etat, notre préférence va notamment aux bons du Trésor américains. Du côté des émetteurs privés, les obligations d’entreprises Investment Grade - et les produits structurés à revenu fixe - nous semblent également attractives. Les rendements sont revenus à des niveaux inédits depuis plus d’une décennie et les spreads de crédit (= primes de risque) rémunèrent correctement les risques encourus. Malgré des rendements jusqu’à deux fois supérieurs à ceux des obligations d’entreprises de qualité, nous sommes plus prudents vis-à-vis des obligations spéculatives en raison du risque accru de défaut de paiement et de primes de risque qui pourraient encore augmenter en période de récession.

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