Rédigé par
Wim D'Haese
Head Investment Strategist
Pendant des millénaires, l’homme a utilisé ses mains et ses pieds pour explorer le monde. L’ère de la position assise, face à son écran et à son clavier d’ordinateur, n’est apparue qu’il y a un demi-siècle. Or, même si votre fauteuil de bureau est ergonomique, cette position n’a rien de naturel. Après tout, pourquoi les humains devraient-ils s’adapter à l’ordinateur, et pas l’inverse ?
Prenons les réunions en visioconférence, par exemple. Un moment tellement peu naturel : chaque participant est enfermé dans sa petite cage virtuelle et regarde dans une direction différente. Microsoft a tenté de ‘libérer’ son application Teams en lançant le mode ‘Together’. Plutôt que d’apparaître dans un cadre, les participants évoluent dans un espace virtuel partagé, comme une salle de réunion, un auditorium ou une cafétéria d’entreprise. Ils visualisent ainsi l’ensemble du groupe, comme s’ils étaient tous assis à la même table. ‘Together’ n’atteint pas encore un haut niveau de réalisme, mais il préfigure ce que le métavers pourrait devenir.
La réalité virtuelle et la réalité augmentée parviennent de mieux en mieux à reproduire les interactions et mouvements naturels dans des environnements numériques. C’est là l’ambition du métavers. Selon son principe, ses utilisateurs enfilent un casque intelligent et utilisent éventuellement une manette de contrôle afin de vivre, jouer et travailler dans un monde virtuel. Selon certains, le métavers sera l’internet 3.0 : un espace où fusionnent les réalités physiques et digitales.
Le mot ‘métavers’ a été utilisé pour la première fois par Neal Stephenson dans son roman ‘Snow Crash’. Dans ce livre, le métavers est “un endroit imaginaire partagé, accessible à tous via un réseau mondial de fibre optique, projeté dans un casque de réalité virtuelle”. Dans cet univers, les concepteurs peuvent donner naissance à des espaces, bâtiments et objets qui n’existent pas dans la réalité, tels que de gigantesques spectacles lumineux, des environnements imaginaires où les règles de l’espace-temps n’existent pas, ou encore des espaces où les humains peuvent se pourchasser et se tuer virtuellement.
En fonction de votre vision personnelle, le métavers peut donc prendre la forme d’une bulle utopique dans laquelle vivre, travailler, voyager, se divertir... Bref, d'un monde en trois dimensions dans lequel votre avatar numérique peut se rendre de votre bureau virtuel vers un centre commercial virtuel, pour y acheter un tee-shirt virtuel que vous mettrez pour vous rendre à un concert virtuel, et ce en compagnie des avatars digitaux de vos amis. Voilà pour la vision positive. Car de nombreux autres observateurs ne voient dans le métavers qu’un cauchemar qui devient progressivement réalité. Comme la dernière étape avant une lobotomie numérique qui nous déconnecterait totalement de la réalité.
Depuis quelques mois, le métavers fait la une de l’actualité. Cet intérêt est notamment alimenté par le nouveau nom adopté par la maison-mère de Facebook : Meta. En octobre 2021, les recherches Google sur le mot ‘métavers’ ont été 50 fois plus nombreuses qu’un mois plus tôt. Métavers est aussi le mot très à la mode dans les grandes entreprises et chez les investisseurs. Des géants tels que Disney, Microsoft et Nvidia ont récemment fait savoir qu’ils participeraient aussi à cette course vers le futur. Selon Bloomberg Intelligence, le marché du métavers devrait peser quelque 800 milliards de dollars dès 2024. À première vue, tous les ingrédients d’un phénomène ‘hype’ semblent donc rassemblés.
Bien que le concept semble nouveau, ce n’est pas la première fois qu’il enflamme le débat. Vous souvenez-vous de Second Life ? Dans cet univers virtuel de la fin des années 2000, des millions d’utilisateurs ont communiqué et interagi via des jeux, travaillé dans des bureaux virtuels, spéculé sur de l’immobilier virtuel, noué des relations amoureuses virtuelles, etc. Bien que Second Life existe toujours – avec ‘seulement’ 200.000 utilisateurs quotidiens toutefois – il reste davantage une mode qu’une tendance durable. Le fait que nos outils technologiques soient désormais beaucoup plus sophistiqués ne garantit pas qu’il en aille autrement avec le métavers.
Comme le fait remarquer le super-investisseur Bill Gross, le succès technologique est surtout une question de timing. Peut-être le métavers s’inscrit-il dans le bon timing. Peut-être sommes-nous effectivement à la veille d’une époque où notre vie, notre travail et nos divertissements vont basculer dans le virtuel. Après tout, l’agriculture, les villes et la démocratie se sont métamorphosées à plusieurs reprises avant d’adopter leur forme actuelle. Qui peut donc prédire ce que deviendra le métavers ?
Deutsche Bank recommande d’investir selon l’approche cœur-satellites. Le cœur d’un portefeuille devrait se composer d’investissements solides répartis stratégiquement entre diverses classes d’actifs, telles qu’actions et obligations.
Dans le volet ‘satellites’ de votre portefeuille, vous pouvez personnaliser votre approche et votre stratégie. Comment ? Par exemple en optant pour des investissements thématiques qui répondent à des tendances à long terme, comme la technologie. À l’instar de la 5G et de la cybersécurité, les actions liées au métavers peuvent être un investissement thématique valable dans la technologie et surtout dans l’intelligence artificielle. Pour que le métavers soit opérationnel, une énorme puissance de calcul sera en effet nécessaire, de même que de multiples solutions technologiques supportées par l’intelligence artificielle. La diversification – à savoir l’investissement dans de multiples sous-thématiques – reste toutefois la clé de la répartition des risques.
1 Un ‘fonds’ est l’appellation commune pour désigner un organisme de placement collectif (OPC), qui peut exister sous le statut d’OPCVM (UCITS) ou d’OPCA (non-UCITS). Un OPC peut se composer de compartiments. Les fonds sont exposés à des risques. Leur valeur peut évoluer à la hausse comme à la baisse et il est possible que les investisseurs ne récupèrent pas le montant de leur investissement.