Rédigé par
Knut Huys
Senior Fund of Funds Manager
En résumé :
Quel pourcentage de l’énergie mondiale provient actuellement du pétrole, du gaz et du charbon ? À votre avis... 42% ? 62% ? Ou plutôt 82% ? C’est l’une des questions du test de connaissances publié par gapminder.org, une association sans but lucratif qui entend combattre les idées reçues. La réponse correcte se trouve à la fin de cet article.
Peut-être avez-vous – comme la plupart des gens – mal évalué ce pourcentage. Nous voyons de plus en plus de panneaux solaires sur les toits, nous entendons parler de nouvelles éoliennes dans les environs, et nous lisons plein d’articles sur l’essor des voitures électriques. Autant d’informations qui donnent à penser que l’utilisation de pétrole, de gaz et de charbon est en net déclin. La réalité est toutefois plus nuancée : les plus grosses vagues (et donc les opportunités) d’investissement se trouvent précisément devant et non derrière nous.
Ces derniers temps, de nombreux projets ont vu le jour dans le monde entier afin d’accélérer considérablement la transformation de notre énergie vers des ressources plus vertes et plus intelligentes. C’est dans ce contexte que le Plan de Relance pour l’Europe et le Green Deal, entre autres, ont été mis en place : sur un montant total de 1.800 milliards d’euros, 30% sont dévolus à la lutte contre le changement climatique. Cependant, avec ou sans Green Deal, différents pays européens mènent d’ores et déjà leur transition énergétique tambour battant. Ainsi, le Danemark a donné le feu vert, en février, au projet de construction le plus coûteux jamais entrepris sur son territoire : le premier îlot énergétique au monde, capable d’alimenter en électricité verte 3, voire 10 millions de ménages européens, avec des postes d’amarrage où des navires pourront faire le plein d’hydrogène1.
Le continent asiatique est loin d’être en reste. À titre d’exemple, trois grands pays d’Asie-Pacifique se sont engagés l’année dernière à devenir climatiquement neutres : le Japon (2050), la Corée du Sud (2050) et la Chine (2060). Ces pays devraient investir des centaines de milliards de yens, wons et yuans dans les énergies durables et l’efficacité énergétique au cours des prochaines années2.
À l’autre bout du monde, les États-Unis (re)jouent eux aussi la carte verte. Le Président Biden ne veut plus que de l’électricité verte dans le réseau énergétique américain d’ici 2035. Il compte, par ailleurs, faire installer 500 millions de panneaux solaires en 5 ans, moderniser et rendre plus éco-efficaces 4 millions de bâtiments et 2 millions de logements en 4 ans, et implanter 500.000 bornes de recharge pour véhicules électriques. Pour ce faire, il a l’intention de dégager quelque 2.000 milliards USD de fonds publics en 4 ans.
Le passage à des énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique sont de vraies urgences. Aujourd’hui, trois quarts des gaz à effet de serre sont liés à la consommation d’énergie3.
À l’exception du recul observé en 2020, la demande en énergie continue d’ailleurs à augmenter : l’Agence Internationale de l’Énergie s’attend à une croissance de la demande de 4 à 9% d’ici 2030 (par rapport à 2019)4, en fonction de la vitesse à laquelle l’économie reprendra vigueur. En parallèle, les sources d’énergie fossiles s’épuisent et le climat se réchauffe. La reconversion en faveur des sources d’énergie renouvelables et d’une éco-efficacité accrue n’est donc plus un choix : elle est inévitable.
Aujourd’hui, de nombreuses pièces du puzzle se mettent en place :
Cette dynamique offre du potentiel aux investisseurs, mais il importe de garder une vue d’ensemble. Les investisseurs optent souvent pour des entreprises qui produisent de l’énergie renouvelable, ou qui développent des éoliennes, des panneaux solaires et des solutions basées sur la technologie de l’hydrogène. Ces sous-secteurs ont le vent en poupe mais impliquent actuellement des risques accrus.
Pour commencer, le rapport cours-bénéfice de ces actions a grimpé en flèche en raison de leur popularité. Ensuite, vous courez un “risque de concentration” important au sein de votre portefeuille si vous limitez vos investissements à ces sous-secteurs dans le cadre du thème énergétique (surtout en cas de correction).
Les énergies durables ne représentent, en effet, qu’un aspect de la transition énergétique. La révolution verte exige aussi d’autres investissements. Le vent ne souffle pas tout le temps et le soleil ne brille pas toujours. Cela signifie que l’approvisionnement en électricité sera de plus en plus irrégulier en raison du passage aux énergies renouvelables. Voilà pourquoi il importera de disposer de réseaux bien construits, capables de faire concorder l’offre avec la demande.
Des consommateurs toujours plus nombreux deviennent en outre des ‘prosommateurs’ (à la fois producteurs et consommateurs). Pour assurer la stabilité de la fourniture et de la réception, il faut des systèmes intelligents et flexibles, permettant d’acheter et de vendre l’énergie excédentaire. Cette évolution demande une infrastructure et des applications informatiques capables de surveiller les modes de production et de consommation avec une plus grande précision, d’automatiser les processus, de stocker l’énergie excédentaire, etc.
L’efficacité énergétique constitue aussi un aspect crucial de la transition. En effet, il ne suffit pas d’opter pour l’énergie renouvelable, encore faut-il exploiter cette énergie disponible le plus intelligemment et efficacement possible. C’est là qu’interviennent les solutions contribuant à l’efficacité énergétique des bâtiments, des processus industriels et des transports.
Les prix sont des moyennes, basées sur le ‘LCOE’ (‘levelized cost of energy’, coût moyen actualisé de l’énergie). Il s’agit d’une valeur correspondant aux coûts nets moyens actuels de la génération d’électricité pour une installation de production pendant toute sa durée de vie. Les chiffres reposent sur des données à l’échelle mondiale.
Source : Banque mondiale – “Demystifying the costs of electricity generation technologies” – juin 2020.
La réponse correcte est 82%. 65% des répondants mentionnent 42 ou 62%. Plus d’infos sur gapminder.org
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1 Source : bbc.com/news/world-europe-55931873
2 Source : woodmac.com/press-releases/asia-pacific-power-generation-could-attract-us$1.5-trillion-investments-this-decade/
3 Source : ourworldindata.org/ghg-emissions-by-sector
4 Source : iea.org/reports/world-energy-outlook-2020
