Investir dans des fonds : tout ce que vous devez savoir

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Investir dans des fonds : tout ce que vous devez savoir

17 mars 2021 - Lu en 7 min 50

Article paru dans Trends le 11 mars 2021.

Le marché belge compte des milliers de fonds et il n’est pas toujours facile pour les investisseurs de faire un choix. Nous avons donc demandé conseil à quelques spécialistes.

Saviez-vous que la Belgique a joué un rôle important dans l’histoire des fonds d’investissement ? « En 1836, la banque belge Société Générale a lancé le premier fonds d’investissement au monde, qui investissait dans des actions », explique Gertjan Verdickt, professeur assistant à la KU Leuven. L’objectif de ce fonds était de mobiliser l’argent de personnes moins aisées sur la bourse de Bruxelles, pour financer de nouvelles opportunités pour les entreprises.

« Le fonds s’appelait Société des Capitalistes Réunis dans un But de Mutualité Industrielle, raccourci en Mutualité Industrielle. Le succès ne fut malheureusement pas au rendez-vous, et le fonds a fini par être liquidé en 1873 », poursuit Gertjan. Mais le fonds Mutualité Industrielle n’en avait pas moins jeté les bases pour le développement d’autres fonds en Belgique. La Banque de Belgique a d’ailleurs ensuite créé un autre fonds, baptisé Société des Actions Réunies. Juste avant la Première Guerre mondiale, notre pays comptait dix-sept fonds d’investissement. Et aujourd’hui encore, les fonds ont toujours leur utilité.

1. Répartir les risques

Les fonds d’investissement sont en réalité une invention néerlandaise, pas belge. Le tout premier fonds s’appelait Eendragt Maakt Magt. Il investissait exclusivement dans des obligations ou prêts. Lorsque ce fonds a été créé en 1774, après le crash de la Compagnie des Indes orientales et la crise financière qui en a résulté, les actions étaient totalement tombées en disgrâce auprès des investisseurs. En collectant l’argent de plusieurs investisseurs, les gestionnaires de fonds ont pu acheter un portefeuille comprenant plusieurs obligations internationales et répartir le risque de défaut de paiement sur plusieurs personnes.

Les fonds d’investissement représentent aujourd’hui environ 15% des actifs financiers des ménages belges, d’après les chiffres les plus récents (fin septembre 2020) de la Banque nationale de Belgique. C’est le double de ce que les Belges investissent directement dans des actions en bourse (5%) et des obligations (2,5%). Il n’est pas évident pour un investisseur au budget limité d’investir dans quarante entreprises en même temps, alors que les fonds d’investissement regroupent des dizaines, des centaines et même parfois des milliers d’entreprises.

2. Ouvrir des portes

Les fonds d’investissement donnent aux petits investisseurs un accès à des marchés sur lesquels ils ne pourraient autrement jamais investir. Par exemple, pour pouvoir acheter certaines actions et obligations chinoises, les investisseurs doivent posséder une licence spéciale. Celui qui pense que l’économie chinoise sortira gagnante de cette pandémie peut investir de manière stratégique dans cette région au moyen d’un fonds présentant un bon track-record ou avec un gestionnaire ayant bonne réputation. « Il existe aussi des stratégies d’investissement qui sont difficilement applicables par des particuliers », précise Gertjan. Cette catégorie comprend des fonds très spécialisés qui achètent des actions auprès d’entreprises avant que celles-ci soient cotées en bourse (private equity), qui jouent sur les fusions et acquisitions imminentes (mergers and acquisitions) ou qui achètent pour une bouchée de pain des emprunts qui ne sont plus remboursés, pour ensuite récupérer le plus d’argent possible auprès des mauvais payeurs au moyen de procédures juridiques (distressed debt).

3. S’associer pour avoir plus de poids

Lorsque des entreprises font travailler des enfants ou abattent des arbres dans la forêt amazonienne, vous pouvez vous y opposer en tant que petit investisseur, mais votre voix risque de ne pas être entendue... Et si vous choisissez de vendre vos actions en signe de protestation, il y a de fortes chances que l’entreprise ne le remarque même pas. « Certains gestionnaires de fonds activistes ont une opinion bien tranchée et essaient d’imposer leurs points de vue aux entreprises dans lesquelles ils investissent », explique encore Gertjan.

Mais il ne s’agit pas toujours de points de vue. D’autres gestionnaires obligent les entreprises à économiser de l’argent ou à vendre des départements pour générer plus de profits pour les actionnaires. Lorsque de nombreux petits investisseurs se rassemblent dans un fonds avec une mission, ils ont plus de pouvoir et plus de chances que l’entreprise entende leurs protestations.

4. Des investisseurs professionnels aux manettes

La plupart des gens n’ont pas osé couper eux-mêmes leurs cheveux pendant le confinement, piaffant d’impatience de voir les salons de coiffure rouvrir leurs portes. Couper des cheveux, c’est un métier... Investir de l’argent l’est tout autant. Les investisseurs professionnels peuvent éviter des erreurs que commettent les investisseurs amateurs. Par exemple, un gestionnaire de fonds ne placera jamais l’argent d’un investisseur dans une seule action ou dans une poignée d’actions. Certains fonds sont gérés par de « vraies » personnes, tandis que d’autres sont régis par des ordinateurs qui prennent des décisions sur la base de critères fixés par l’homme. Cette dernière approche a l’avantage de ne pas faire intervenir les émotions dans le processus de gestion.

Quand on investit de l’argent dans un fonds mixte regroupant des actions et obligations internationales, on ne doit en principe plus s’en préoccuper. « Le Foreign and Colonial Investment Trust (FCIT), créé en 1868 au Royaume-Uni, existe toujours. C’est un peu comme un placement pour l’éternité », s’amuse Gertjan. D’autres fonds ont été liquidés au fil des ans, ou bien ont fusionné avec d’autres fonds. « Il arrive aussi que les investisseurs doivent agir », intervient Knut Huys, spécialiste des fonds chez Deutsche Bank. Par exemple, un gestionnaire important ou une équipe de gestionnaires peuvent choisir de s’en aller, ou bien les performances du fonds peuvent laisser à désirer. « Les fonds qui n’enregistrent pas des performances suffisantes pendant une certaine période disparaissent généralement d’eux-mêmes », poursuit Knut.

5. Réduction des coûts et réduction d’impôts

L’échelle d’un fonds joue à son avantage. En regroupant des transactions, il est possible de négocier des tarifs plus bas. Dans certains pays, on peut récupérer ou éviter des impôts sur dividendes. Mais attention, l’armée d’analystes, de fiscalistes, de gestionnaires et de courtiers au service d’un gestionnaire de patrimoine ne travaille pas gratuitement ! Quand on investit dans des fonds, on doit payer pour les services de cette armée, sans forcément obtenir un rendement plus élevé.

Il existe deux types de fonds d’investissement. Les fonds cotés en bourse représentent le premier type. On peut acheter des parts de ces fonds en bourse par l’intermédiaire de banques ou de sociétés boursières, comme quand on achète des actions. On appelle également ces fonds des « exchange traded funds » (ETF) ou « trackers ».

Second type de fonds d’investissement : les fonds qui ne sont pas cotés en bourse. On ne peut acheter que des participations dans ces fonds, par l’intermédiaire de certaines banques. Il s’agit des fonds classiques, qui ont la réputation de rapporter gros aux banques et gestionnaires, au moyen de frais d’entrée et de gestion élevés. Ces fonds sont généralement gérés par des personnes qui choisissent de s’éloigner de temps en temps des indices boursiers, alors que la plupart des ETF sont programmés pour suivre les indices.

« Les gestionnaires de fonds sont aussi parfois obligés de s’écarter de la composition de l’indice, en raison des règles de diversification », continue Knut. Cela se produit par exemple lorsqu’une ou plusieurs actions prennent trop de place dans un indice, après un sursaut marqué à la hausse. Dans le BEL20, par exemple, AB InBev, ING et KBC représentent toutes plus de 10%, alors que les gestionnaires de fonds ne peuvent pas investir, par souci de sécurité, plus de 10% dans une action.

Dans les années 90, les premiers ETF copiaient tant bien que mal les indices des actions américaines. Mais la distinction entre la gestion dite « passive » des ETF et la gestion active des fonds classiques s’est quelque peu amenuisée au fil des ans. « Certains ETF sur le marché montrent une ingéniosité dont on ne pouvait que rêver il y a dix ans », indique Jill Rootsaert, responsable de la vente d’ETF pour le Benelux chez JPMorgan Asset Management. « Ils combinent le meilleur des deux mondes : une recherche approfondie au niveau des entreprises et la facilité d’un achat d’EFT en bourse. »

6. Un rendement plus élevé, mais pas après coûts

Selon Knut Huys, la valeur ajoutée potentielle des gestionnaires de fonds est la plus élevée sur les marchés non efficients, c’est-à-dire lorsqu’il est question d’actions qui n’intéressent que peu de grands investisseurs et qui sont suivies par peu d’analystes. Sur les marchés très efficients, comme celui des actions américaines très négociées, il y a de fortes chances que la valeur boursière reflète fidèlement la valeur réelle des actions. « Ça me rappelle cette blague des deux économistes qui trouvent un billet de 100 dollars par terre. L’un des deux demande à l’autre : ‘Pourquoi ne ramasses-tu pas ce billet ?’ L’autre répond : ‘Si c’était un vrai billet, quelqu’un d’autre l’aurait déjà ramassé’. »

« Depuis les années 90, des études scientifiques ont révélé que les fonds d’investissement gérés de manière active n’étaient pas, à long terme, plus performants que le marché après déduction de tous les coûts. Il y a peu, une étude de David Blitz et Milan Vidojevic a conclu que les ETF ne performaient finalement pas beaucoup mieux que les fonds classiques », reprend Gertjan Verdickt. « Si la composition d’un indice change, l’ETF doit procéder à des transactions. Cela prend du retard et génère des coûts, ce qui rend difficile pour un ETF de suivre les prestations des valeurs sous-jacentes. »

Knut avertit qu’il n’est pas toujours meilleur marché d’investir dans des ETF. « Les personnes qui aiment placer chaque mois un peu d’argent dans des fonds divers, par exemple, feraient peut-être mieux de miser sur des fonds classiques. » Il explique que les courtiers appliquent souvent des tarifs fixes pour les transactions boursières, alors que les frais d’entrée pour un fonds non coté en bourse représentent souvent un pourcentage de l’apport. Dans le cas des transactions boursières, il faut aussi prendre en compte un impôt sur les opérations boursières entre 0,12 et 1,32%, en fonction du type de tracker.

À titre d’exemple, prenons la liste de tarifs de Deutsche Bank. Qu’un investisseur souhaite investir 250 ou 2 500 euros dans un ETF, il devra payer pour chaque achat et chaque vente entre 7,5 et 24,75 euros, en fonction de la bourse sur laquelle est coté l’ETF. Les frais sont donc multipliés par deux. Les frais d’entrée pour les fonds les plus classiques s’élèvent à 1,5%. Et il n’y a pas de frais de sortie. Quelqu’un qui investit 250 euros devra donc payer 3,75 euros. Quelqu’un qui investit 2 500 euros devra payer 37,5 euros.

La plupart des fonds affichent cependant des frais de gestion annuels plus élevés que les ETF. Aux États-Unis, il existe même des ETF qui sont accessibles gratuitement, car ce pays est en proie à une guerre des prix. « Tous les ETF ne sont pas bon marché », conclut Gertjan Verdickt. « Certains s’accompagnent de frais de gestion annuels de 0,2%, tandis que d’autres vont chaque année jusqu’à 2%. C’est comparable avec de nombreux fonds d’investissement gérés de manière active. »

Ilse De Witte

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