Farm for Good rapproche agriculteurs, industrie alimentaire et planète

Marchés & Investissements - 14 août 2024

Farm for Good rapproche agriculteurs, industrie alimentaire et planète



En résumé :
  • Farm for Good encadre les agriculteurs qui souhaitent passer à l’agroécologie, pour des sols plus sains et davantage de biodiversité.
  • Cette plateforme coopérative organise la collaboration et la mutualisation des savoirs entre une centaine d’agriculteurs et d’entreprises alimentaires.
  • L’innovation et le développement durable sont ses deux priorités, avec le soutien de centres de recherche et de partenaires financiers tels que Deutsche Bank.

Quatre amis. Quatre agriculteurs déterminés à ‘faire les choses autrement’. Voilà comment débute l’histoire de Farm for Good en 2019. Tous les quatre appliquent certes les préceptes de l’agriculture biologique (AB), mais pensent qu’il y a moyen de faire plus et mieux. Leur ambition ? Faire passer l’AB à la vitesse supérieure. Ou plutôt au niveau supérieur, à savoir l’agroécologie. Une approche qui fédère les différents types d’agriculture durable : l’agriculture biologique, l’agriculture de conservation des sols et l’agroforesterie.

Pas à pas

Nos quatre mousquetaires sont vite confrontés à de premiers écueils : acquérir les connaissances techniques voulues, disposer du temps et des moyens pour tester et expérimenter, trouver des filières pour écouler leurs produits, le tout en assurant leur rentabilité. Premiers écueils, et d’emblée aussi une première leçon : l’agroécologie, c’est impossible en solo. “Dès le départ, ils ont uni leurs forces en échangeant conseils et expériences, pour éviter de commettre deux fois les mêmes erreurs”, explique Donatienne van Houtryve, CEO de Farm for Good. “Ils ont innové, testé et mutualisé leurs observations. C’est donc au prix de nombreux tâtonnements qu’ils passent petit à petit de l’agriculture biologique (AB) à l’agriculture biologique et de conservation des sols (ABC).”

De la moutarde au pois jaune

De nos jours, l’agriculture s’apparente déjà à un combat permanent, essentiellement en raison des changements climatiques. Si l’on y ajoute la volonté d’appliquer les principes de l’agroécologie, c’est-à-dire de restituer à la terre plus qu’elle ne donne, ce combat se transforme en véritable challenge. La terre doit en effet fourmiller de vie et déborder de nutriments, au lieu d’être épuisée. “Dans la pratique, notre approche se traduit par exemple par des rotations plus longues et plus diversifiées. Plutôt que de changer tous les 3 ans, on essaye d’allonger les rotations sur 6 ou 7 ans, par exemple en ajoutant de la moutarde, du tournesol, du sarrasin ou du pois jaune aux autres cultures”, poursuit Donatienne. “Par ce biais, on nourrit le sol, qui pourra ainsi mieux nous nourrir en retour. Quand les humains sont plus respectueux de la terre, la Terre respecte mieux les humains.”

Trait d’union

Les quatre pionniers ont vite compris que, pour réussir, il était essentiel de collaborer. Au fil des mois, ils ont fait de plus en plus d’émules. D’autres agriculteurs passionnés ont rejoint le groupe. Aujourd’hui, la vocation première de Farm for Good est de servir de trait d’union. D’abord en mutualisant les savoirs et expériences entre agriculteurs. Ensuite en partageant les fruits de l’innovation, notamment via des collaborations avec des centres de recherche. Et enfin en trouvant des filières disposées à payer un prix juste aux agriculteurs afin de supporter une partie des risques inhérents à la transition vers l’agroécologie. L’agroécologie est également un mouvement écologique et social. D’où l’intérêt de collaborer avec la nature, mais aussi avec toutes les parties prenantes de la chaîne alimentaire.

De 4 à 90 coopérateurs

Farm for Good compte aujourd’hui près de 90 agriculteurs-coopérateurs. La majorité d’entre eux en Wallonie, et une poignée en Flandre. Ils cultivent une superficie cumulée de 8.000 hectares, ce qui correspond à 1% de la surface utilisable en Wallonie (SAU). La coopérative attire naturellement de nouveaux membres grâce aux agriculteurs du réseau qui sont les meilleurs ambassadeurs de l’agroécologie. En 2023, le groupement initial s’est structuré en coopérative, qui emploie quatre personnes. Farm for Good collabore avec de grands et petits acteurs du secteur alimentaire, tels que Puratos, les Tartes de Françoise, Copains Group et Bister.

Bister est un producteur belge de moutarde et de sauces. “Cette entreprise souhaitait relocaliser la production de graines de moutarde en Belgique, au détriment du Canada et des pays de l’Est, et a choisi de collaborer avec nous. La saison dernière, 18 coopérateurs de Farm for Good ont planté 50 hectares de moutarde. Trente-cinq nouveaux agriculteurs se sont ajoutés à la liste cette année, pour 150 hectares”, explique Donatienne van Houtryve.

“Grâce à notre production, Bister peut fabriquer de la moutarde bio 100% belge. Nos agriculteurs reçoivent un prix équitable et conservent ainsi une marge qui leur permet de continuer à innover et à investir. Bister apporte aussi des garanties financières, ce qui permet aux coopérateurs-partenaires de tenter des expériences et, dans le pire des cas, de faire des essais-erreurs. Une telle collaboration est tout à fait unique.”

À bâtons rompus avec Donatienne van Houtryve

Comme entrepreneuse, quel est le meilleur conseil que vous avez reçu ?
Arrête d’en parler, fais-le.

Quel conseil donneriez-vous à d’autres chefs d’entreprise ?
Unissez vos forces. Et entourez-vous d’experts.

Dans votre job, de quoi êtes-vous la plus fière depuis 1 an ?
Les volumes et la qualité que nos agriculteurs sont parvenus à produire, ainsi que d’avoir convaincu de nouveaux industriels à choisir notre approvisionnement et de payer le prix juste.

Dans votre sphère privée, vous mangez aussi sainement ?
Dès que j’ai eu des enfants, j’ai attaché beaucoup d’importance à l’alimentation, en optant le plus souvent pour des produits bio. Depuis que je travaille chez Farm for Good, le bio et le local sont devenus mon credo absolu.

Professionnellement, quel est votre rêve ultime ?
Que chaque enfant sache et comprenne d’où vient la carotte qui se trouve dans son assiette.

À quoi acceptez-vous de consacrer beaucoup d’argent ?
Aux vacances (dans les montagnes suisses) et à l’alimentation.

Et à quoi vous refusez-vous à dépenser le moindre centime ?

Aux choses qui n’apportent rien. Des babioles.

Comment gérez-vous votre argent ?
Je gère mon patrimoine. J’investis un peu pour moi-même (surtout passivement) et, pour les enfants, j’ai souscrit à un plan d’investissement périodique.

Quels ont été votre meilleur et votre pire investissement ?
Le pire, c’est l’erreur classique de tous les débutants : ne pas diversifier suffisamment. Heureusement, j’ai retenu la leçon. Le meilleur ? M’investir pleinement dans un projet qui a du sens. Depuis lors, je ressens moins de stress et davantage d’équilibre de vie.

Quel conseil financier donnez-vous à vos enfants ?
Pour l’instant, je leur apprends à épargner. Je m’y prends de manière visuelle. Ils ont chacun une enveloppe, dans laquelle ils glissent une pièce ou un petit billet. Ils savent que, plus tard, ils auront une bonne surprise en ouvrant l’enveloppe...

Le juste prix

Farm for Good applique une politique des prix tout à fait transparente. Tant les agriculteurs que les acteurs en aval connaissent la structure des prix et savent comment ils sont calculés. “Les agriculteurs perçoivent les deux tiers du prix dès la récolte. Dans l’agriculture classique, il n’est pas rare de devoir attendre un an ou davantage. Pourquoi ? Parce que votre production n’est souvent traitée que plusieurs mois après la récolte. Ici, c’est Farm for Good qui leur avance ces sommes”, poursuit Donatienne. “C’est dans ce cadre qu’est née notre collaboration avec Deutsche Bank. La banque investit nos dépôts et veille à ce qu’ils fructifient au mieux. Petit à petit, Deutsche Bank se fait plus durable. De notre point de vue, c’est formidable qu’une telle banque soutienne des initiatives à impact positif comme la nôtre. Du point de vue de la banque, c’est un win-win, car cette collaboration permet d’écoresponsabiliser ses capitaux et de soutenir des entrepreneurs vertueux. Sans oublier que le credo de Farm for Good cadre parfaitement avec ses valeurs.”

Du bureau au champ

Donatienne van Houtryve a travaillé dans le secteur bancaire avant de faire le saut vers l’agriculture en 2023. “Les banques détiennent une clé essentielle pour changer le monde. Après avoir été assise pendant 10 ans sur une chaise de bureau à Bruxelles, je souhaitais continuer à contribuer à cet impact, mais de manière différente, plus concrète. J’ai eu ‘l’appel du champ’, en quelque sorte. Lorsque Clotilde (la fondatrice de Farm for Good) m’a présenté son projet, j’y ai immédiatement adhéré. Le fait que j’aie des enfants en âge de comprendre que le monde est en permanence confronté à des défis a certainement joué dans cette décision”, explique-t-elle avec enthousiasme.

Farm for Good

Une partie de la solution

D’après les Nations Unies, il y avait en 1960 deux fois plus de terres agricoles par humain qu’aujourd’hui. Là où une parcelle devait nourrir 100 personnes, elle doit en nourrir 200 en 2024. L’agroécologie est un modèle ambitieux, mais est-ce réellement la bonne solution, sachant que ses rendements sont inférieurs à ceux de l’agriculture traditionnelle ? “Je suis convaincue que l’agroécologie est la seule solution qui nous permette de relever les défis de demain. Il est vrai que la transition ne doit pas nécessairement s’opérer du jour au lendemain, et qu’il existe de multiples manières d’arriver au même objectif. Par contre, toutes ces initiatives doivent impérativement aller dans le même sens.”

“Quand on parle de sécurité alimentaire, il n’est pas seulement question de bio et de pratiques agricoles, mais aussi de surconsommation et de gaspillage alimentaire. Et aussi de valeur nutritive des aliments. Saviez- vous que, aujourd’hui, il faut deux fois plus de pommes pour obtenir la même quantité de vitamines C qu’il y a 50 ans ? Le débat est vaste et complexe, et j’ai conscience que l’agroécologie ne pourra pas résoudre tous les défis de l’alimentation et de l’agriculture. Pour y arriver, il faudra du temps, et surtout beaucoup de recherche et de développement.”

En connexion avec la planète

“Pour moi, il est important de retrouver une connexion avec cette Terre qui nous nourrit. En comprenant ce que nous mangeons, d’où proviennent ces aliments, comment ils ont été transformés…” conclut Donatienne. “Bref, en adoptant une approche globale de nos systèmes alimentaires et agricoles, qui tient compte de ses implications écologiques, économiques et sociales. Car, au bout du compte, l’enjeu est essentiel : notre santé, et donc notre vie, dépendent des aliments que nous offre Mère Nature.”

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