Rédigé par
Nicolas Dôme
Product Manager – Structured Products
La crise sanitaire a provoqué une accélération de la digitalisation des soins de santé. D’après une enquête du bureau de consultance Deloitte1, la proportion de personnes qui ont bénéficié d’une consultation médicale virtuelle a atteint 28% de la population dans le monde en avril 2020 à cause des mesures de confinement, contre 15% en 2019. Huit patients sur dix estiment qu’ils recourront à nouveau à une visite médicale à distance à l’avenir, même après la pandémie.
L’essor des nouvelles technologies offre de plus en plus de services en rapport avec la santé. Ces nouveaux outils de plus en plus accessibles au grand public permettent de surveiller de nombreux paramètres de l’état de santé. Par exemple, grâce à une montre connectée, on peut vérifier si une activité physique suffisante est pratiquée au quotidien. Selon Deloitte, trois quarts des gens qui surveillent leur santé grâce à une application ont modifié leur comportement au moins de manière modérée. Mais les récents développements technologiques donnent accès à bien d’autres services, tels que la consultation médicale en ligne.
Le grand avantage des nouveaux moyens technologiques disponibles est qu’ils permettent de placer l’accent sur la prévention, réduisant ainsi de manière significative les interventions médicales ultérieures. 60% des médecins privilégient une transition vers la prévention et le bien-être et trois quarts des patients souhaitent travailler en partenariat avec les fournisseurs de soins sur des objectifs en matière de santé.
La crise du coronavirus a dopé la transformation numérique et l’innovation technologique en 2020. L’évolution de la manière de « consommer » des soins de santé a eu un impact sur les nombreuses organisations qui fournissent ces soins : toujours d’après l’étude de Deloitte, en Europe, près de 65% des fournisseurs de soins indiquent que leur organisation a accru le recours aux technologies numériques pour aider les médecins à travailler. Ces structures de soins ont aussi davantage fait appel à ces technologies pour fournir un support numérique permettant d’être en contact avec les patients.
La crise sanitaire a aussi contribué à lever les barrières financières, comportementales et liées à la régulation, pour permettre aux soins virtuels d’être de plus en plus largement intégrés dans les systèmes de soins de santé publics, une tendance qui devrait se poursuivre.
Cette digitalisation des soins de santé a des implications sur le plan financier. Elle peut contribuer à réduire les coûts administratifs, à augmenter l’efficacité des soins, à réduire le coût de ceux-ci et à accroître les revenus qui en sont tirés. Les perspectives de croissance dans ce domaine sont élevées car la digitalisation des soins de santé continue à s’accélérer. Cela rend les entreprises actives dans ce domaine particulièrement attrayantes pour ceux qui veulent investir dans une thématique d’avenir. Selon une étude de Global Market Insights2, le marché de l’e-santé devrait passer de 142 milliards de dollars (120 milliards d’euros) en 2020 à 427 milliards de dollars (360 milliards d’euros) en 2027.
Cette forte croissance doit être financée. D’après des chiffres récents compilés par le fonds américain Rock Health3, spécialisé dans le financement de start-ups du secteur « digital health » (santé numérique ou e-santé), au premier semestre 2021, un montant record de 14,7 milliards de dollars (12,5 milliards d’euros) a été levé par les entreprises de ce secteur aux Etats-Unis, soit davantage que durant toute l’année 2020. Pendant la crise, le nombre de consultations médicales virtuelles a grimpé en flèche. Selon la société américaine de commercialisation Sykes Enterprises4, la proportion d’Américains ayant effectué au moins une consultation en ligne a triplé en un an, pour atteindre 60%. Les investisseurs suivent cette tendance en augmentant leurs apports aux entreprises actives dans les technologies associées à ces nouveaux services médicaux.
Le secteur de l’e-santé ne profite pas seulement de la croissance due au recours accru aux soins de santé virtuels. Les fusions et acquisitions offrent des perspectives de gains potentiels supplémentaires. Ce secteur est en effet assez fragmenté. Certains petits acteurs ont développé des produits qui pourraient dégager plus de croissance en étant commercialisés à une plus large échelle.
De plus, certains patients disent avoir le sentiment d’être submergés par un trop grand nombre d’offres de services de soins de santé numériques, ce qui devrait encourager une consolidation dans ce secteur. Enfin, les géants du numérique comme Google ou Microsoft veulent développer des offres digitales liées à la santé dans la panoplie de services qu’ils proposent à leurs milliards d’utilisateurs, ce qui les conduit à conclure des partenariats ou à acquérir des sociétés actives dans ce domaine.
Le foisonnement de jeunes entreprises innovantes actives dans ce créneau doit néanmoins attirer l’attention sur les risques qui y sont liés. Par définition, ces start-ups ne rencontreront pas toutes le succès espéré : investir dans la thématique de l’e-santé reste un pari sur l’avenir5 à réserver aux investisseurs avertis.
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1 Source : https://www2.deloitte.com/global/en/pages/life-sciences-and-healthcare/articles/global-health-care-sector-outlook.html (voir l’infographie à télécharger)
2 Source : https://www.gminsights.com/industry-analysis/digital-health-market
5 Source : https://www.lecho.be/entreprises/technologie/l-e-sante-nouvel-eldorado-ou-marche-piege/10299581.html