Rédigé par
Wim D'Haese
Head Investment Strategist
En résumé
Les investisseurs ont commencé la nouvelle année avec une forme de "Déjà vu politique 2020", car les élections sénatoriales en Géorgie avaient abouti à une élection prolongée et contestée. En novembre dernier, le décompte final des deux courses au Sénat en Géorgie s'est terminé sans qu'aucun candidat n'obtienne la majorité (au moins 50 %) des votes exprimés. Cela a donné lieu à un second tour entre les deux meilleurs candidats, qui s'est déroulé ce mardi. Cette fois, les candidats démocrates Raphael Warnock et Jon Ossoff l’ont emporté sur leurs adversaires républicains, les sénateurs Kelly Loeffler et David Perdue.
Ce résultat final change l'équilibre du pouvoir dans la chambre qui était sous contrôle républicain depuis début 2015. Comme la nouvelle composition du Sénat est répartie de manière égale (50:50), la voix de la nouvelle vice-présidente démocrate Kamala Harris sera prépondérante. Le président élu Biden et les Démocrates jouiront désormais d'une majorité étroite au Capitole.
Sur les marchés boursiers, nous avons d’abord observé une rotation à partir des grandes valeurs technologiques vers les petites capitalisations, les contrats à terme de l'indice NASDAQ ayant été vendus et les contrats à terme de l'indice Russell 2000 s'étant redressés. Cette réaction spontanée peut être attribuée aux changements attendus des régimes réglementaires et fiscaux ainsi qu'à un soutien budgétaire supplémentaire.
Les bons du Trésor US ont également été mis sous pression, le taux à 10 ans ayant franchi la barre des 1% pour la première fois depuis 9 mois. Ce mouvement s'est accompagné d'une augmentation des anticipations d'inflation, le point-mort d’inflation à dix ans revenant à ses niveaux d’octobre 2018 (+2,09 %). En fin de journée, les marchés d’actions ont baissé par rapport aux sommets atteints en séance, lorsque des manifestants pro-Trump ont pris d'assaut le Capitole pour perturber le décompte des votes électoraux (S&P 500 +0,57%).
À l'approche du jour des élections l'an dernier, le consensus d'une "vague bleue" était largement intégré dans les marchés. Les investisseurs ont par la suite modifié leurs attentes pour refléter un scénario d'impasse politique puisque seul un des deux sénateurs républicains devait défendre son siège avec succès pour maintenir le contrôle du Sénat. Nous assistons maintenant de nouveau à une réévaluation du contrôle par les démocrates, qui devrait se refléter dans les principales classes d’actifs à court terme.
Tout d'abord, la probabilité accrue d'un soutien budgétaire supplémentaire devrait continuer à favoriser une courbe des taux US plus raide, les investisseurs intégrant des prévisions de croissance, et surtout d'inflation, plus élevées. Du côté des actions, une courbe des taux plus raide et des taux plus élevés pourraient stimuler certains secteurs/industries ‘de valeur’.
Ensuite, l'augmentation des dépenses publiques est susceptible d'exercer une pression à la baisse sur le dollar. Cette faiblesse du billet vert pourrait renforcer le sentiment vis-à-vis des actions non domestiques (comme les marchés émergents). Enfin, les risques liés à l'augmentation du taux d'imposition des sociétés et à la réglementation pourraient être plus problématiques pour les grandes entreprises technologiques. Celles-ci ont en effet été les principales bénéficiaires d'un régime de taxation des sociétés plus faible dans le sillage de la concentration croissante du marché.
Si l'on considère le paysage politique, il est ironique de constater que ni le scénario de base d'une "vague bleue" ni celui d'une "impasse politique" ne s’est manifesté. Au lieu de cela, nous nous retrouvons avec une dynamique de contrôle de la majorité sur le fil du rasoir qui pourrait être décrite comme une brume violette.
Cette victoire démocrate pourrait signifier des mesures de relance supplémentaires contre le coronavirus, surtout depuis que les récents lockdowns ont annulé la trajectoire positive du rebond initial. Mais les ambitions concernant la politique fiscale, ou même un plan d'infrastructures plus large pourraient s'avérer difficiles avec ces marges étroites. C’est pourquoi le président élu Biden et le camp démocrate devront continuer à maintenir une position plus modérée au Capitole pour faire avancer leurs agendas.
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