Comment le monde doit-il appréhender le XXe Congrès quinquennal de la Chine qui se tiendra à la fin de cette année ? Certains observateurs affirment que peu de choses pourraient changer par rapport à la situation actuelle. Après tout, on s'attend à ce que le président Xi Jinping soit reconduit pour un troisième mandat consécutif à la tête du Parti communiste chinois (PCC) et assure la continuité du leadership politique. Toutefois, alors que la plupart des dirigeants mondiaux portent leur attention sur les annonces qui pourraient être faites pendant ce Congrès, les investisseurs devraient pour leur part s’intéresser davantage à ce qui se passe sur le plan conjoncturel avant cet événement majeur. Et, de façon plus précise, à la façon dont l'économie chinoise réagit aux diverses mesures de relance déployées par les autorités.
Fondamentalement, les marchés financiers mondiaux pourraient sous-estimer les mesures que la Chine prend dès à présent pour se préparer à ce Congrès. C'est sans doute parce que beaucoup d’investisseurs ont capitulé après avoir vu l’indice CSI 3001 chuter de 35% entre son point haut et son point bas depuis le début de l'année dernière. Pendant ce temps, la répression réglementaire, qui a ciblé en particulier les entreprises des secteurs de la technologie et de l'éducation, a été très visible. Le malaise a été encore aggravé par la stratégie zéro-Covid poursuivie par Pékin, dont beaucoup craignent qu'elle ne se traduise par des confinements continus.
Pourtant, la situation s’est améliorée sur un large front. Les taux de vaccination parmi les personnes âgées de Hong Kong ont triplé cette année. Il est probable qu'une tendance similaire se dessinera en Chine continentale. Par ailleurs, il est aussi devenu plus facile de se procurer des pilules et autres traitements. En outre, l' "équipe nationale"2 a été mobilisée pour soutenir le marché d’actions, la Banque populaire de Chine (PBoC) a assoupli sa politique monétaire et un important stimulus budgétaire est mis en œuvre, notamment sous la forme de projets d'infrastructure. En résumé, juste après que de nombreux investisseurs se soient détournés de la Chine au cours du 1er semestre de cette année, les décideurs politiques tentent de revigorer l'économie pour essayer d'atteindre l'objectif d’une croissance d’environ 5,5%. Pendant ce temps, la réglementation sur les grands groupes technologiques a commencé à s'assouplir, et le démantèlement progressif des restrictions liées au Covid contribue à rouvrir les chaînes d'approvisionnement mondiales. En outre, les accords conclus avec les Etats-Unis signifient que le risque de radiation par les États-Unis des entreprises chinoises cotées sur la bourse américaine (ADR chinois) a diminué.
La raison pour laquelle la Chine est en mesure de stimuler son économie est que l'inflation ne s’y est pas envolée comme ailleurs. Et elle n'est pas non plus susceptible de rattraper l’écart avec le reste du monde de sitôt. En fait, le taux d'inflation mondial médian oscille aujourd'hui autour de 8%, alors que l'inflation en Chine n'était que de 2,1% en mai. Outre le fait que la politique zéro-Covid exerce plutôt un impact déflationniste sur l’économie, les prix ont aussi pu être maintenus à des niveaux modérés par l'absence d’une spirale de revendications salariales. En effet, depuis 2020, la croissance des revenus nominaux et la croissance du PIB réel en Chine ont à peu près suivi la même évolution. Cela reflète une "croissance" des salaires plus faible pour les ménages chinois qui, pendant la décennie qui a précédé 2020, avaient vu leurs salaires augmenter de deux points de pourcentage de plus que le PIB réel. C'est pourquoi les fortes augmentations des prix à la production depuis la pandémie de coronavirus n'ont pas touché les consommateurs comme dans de nombreux autres pays.
Même si les programmes de relance actuels de la Chine génèrent de l’inflation l'année prochaine, le pays pourrait avoir de la chance et éviter la "double poussée" inflationniste qui a frappé tant d'autres économies cette année. Ce phénomène s'est produit lorsque l'inflation des prix des matières premières causée par la guerre en Ukraine est venue se greffer à l'inflation provoquée par les mesures de soutien économiques. Cela signifie que si les prix des matières premières se stabilisent ou refluent suivant leur tendance récente, l'inflation actuellement causée par la hausse des matières premières pourrait avoir été effacée quand la Chine connaîtra une inflation générée par les mesures de relance l'an prochain.
Par conséquent, après une période de disette prolongée pour les investisseurs, nous pensons que les conditions pourraient être réunies pour assister à une poursuite de la surperformance du marché boursier chinois - par ailleurs faiblement valorisé - par rapport aux autres régions au 2e semestre de l’année.
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7 juillet 2022
1. L'indice CSI 300 se compose de 300 actions A négociées sur les marchés boursiers de Shanghai et de Shenzhen.
2. Equipe nationale : nom donné à l’ensemble d'organismes liés à l'État sur lesquels les autorités chinoises s'appuient pour acheter des actions en période de turbulences.