Marchés

Investissements

La victoire de Biden officialisée : quelles conséquences pour les marchés ?

Vaut-il mieux choisir un fonds ou un tracker ?

05 janvier 2021 - Lu en 9 min 40

Article paru dans L’Echo le 5 décembre 2020.

Pour sélectionner des actions ou des obligations, vous pouvez vous tourner vers les fonds d’investissement gérés activement ou vers les trackers passifs qui répliquent un indice boursier.

Une des règles d’or de l’investissement consiste à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. La diversification évite que lorsqu’une action, un secteur, voire même un pays est envoyé au tapis, ce soit votre portefeuille qui paie la facture. Dans ce sens, les fonds d’investissement peuvent être une solution. Ces fonds gèrent l’argent de nombreux épargnants et investissent dans des dizaines, parfois même des milliers d’actions et d’obligations. Vous y avez accès même avec de petits montants. Investir en bourse n’est donc pas réservé aux riches.

Les fonds vous permettent également d’investir dans des produits qui ne sont que très difficilement accessibles aux particuliers, comme les actions chinoises, russes ou africaines, les matières premières comme le cuivre ou l’argent, ou les obligations d’entreprises d’Extrême Orient.

Distinction utile

Vous devez faire la distinction entre les fonds gérés activement par des spécialistes et les fonds passifs qui répliquent aussi fidèlement que possible un indice boursier, un indice obligataire, les prix de certaines matières premières ou d’un autre actif. Ces derniers sont appelés Exchange Traded Funds (ETF), ou «trackers», ou fonds alternatifs.

Les fonds gérés activement ne sont pas cotés en bourse. Vous pouvez les acheter via votre banque ou votre courtier. L’époque où les institutions financières ne proposaient que leurs fonds maison à leurs clients fait heureusement partie du passé, même si les grandes banques essaient toujours de placer leurs fonds en priorité. La valeur intrinsèque de la plupart des fonds est calculée tous les soirs.

Les trackers sont cotés en bourse. Le prix reflète la valeur intrinsèque, mais dépend également de l’offre et de la demande. «Je trouve que c’est un point positif pour les investisseurs débutants que les fonds d’investissement traditionnels ne soient pas cotés en bourse», déclare Knut Huys, spécialiste en fonds et en trackers chez Deutsche Bank. «Ils n’ont ainsi pas à s’inquiéter du timing de leur achat ou de sa liquidité.»

Charles Symons, directeur de BlackRock, estime au contraire que la cotation en bourse des ETF est un avantage. Avec ses ETF iShares, le gestionnaire de fonds américain est le leader mondial des trackers. «Ceux qui achètent un ETF savent exactement ce qu’ils devront payer, car ils peuvent suivre les prix à l’achat et à la vente. Le prix est plus transparent que dans le cas des fonds gérés activement, où le calcul de la valeur intrinsèque se fait toujours avec retard.»

Plus de 10.000 fonds

Quelle que soit la catégorie sur laquelle vous jetez votre dévolu, le choix est immense. Plus de 10.000 fonds actifs et passifs sont proposés en Belgique, ce qui peut provoquer un certain stress lorsqu’il s’agit de faire son choix. Depuis peu, si l’on en croit les chiffres du bureau d’analyse Morningstar, les trackers gèrent davantage de capitaux que les fonds gérés activement.

Ce qui est clair, c’est que les deux catégories font bouger les marchés. Chaque semaine, ce sont des dizaines de milliards qui entrent ou sortent de la bourse via ce canal. Suite à la crise du coronavirus, l’année 2020 bat tous les records. Le mois de novembre fut le meilleur mois de toute l’histoire en termes de flux entrants dans les fonds d’investissement et les trackers, tandis que le mois de mars fut le plus mauvais.

Pour la plupart des spécialistes, ces deux catégories de produits méritent leur place dans tous les portefeuilles. «Les trackers et les fonds sont complémentaires. Mais je conseille aux investisseurs débutants de discuter au préalable avec un conseiller», poursuit Knut Huys. «Vous aurez beau disposer des meilleures briques, si vous n’avez pas les connaissances, vous ne pourrez pas construire une maison solide. Il est crucial de bien répartir les actifs sur base de votre situation et de vos objectifs.»

«Si vous êtes satisfait des résultats du marché et que vous pouvez vivre avec ses fluctuations, vous pouvez acheter des trackers. Mais si vous préférez que quelqu’un sépare pour vous le bon grain de l’ivraie, vous avez intérêt à vous tourner vers un fonds géré activement. Les trackers affichent généralement de bons résultats sur des marchés très efficaces où de nombreux analystes et investisseurs professionnels sont actifs. Moins le marché est efficace, plus le gestionnaire peut faire la différence avec ses connaissances et ses analyses.»

L’an dernier, selon les chiffres de Morningstar, 29% des gestionnaires de fonds actifs aux États-Unis ont réussi à surperformer leur indice de référence (hors frais). Parmi les grands fonds d’actions, seuls 11% des gestionnaires ont fait mieux que le S&P 500.

Testament de Buffett

Il semble donc que les analyses approfondies des entreprises et les centaines de réunions avec leurs CEO n’apportent pas grand-chose aux fonds gérés activement. Même Warren Buffett, manager actif par excellence, reconnaît qu’il est difficile de faire systématiquement mieux que le marché. Son testament comprend d’ailleurs une clause avec des instructions pour sa deuxième épouse, Astrid: 90% de son capital devra être investi dans un tracker S&P 500, et le reste en obligations souveraines.

«Malgré tout, on trouve des gestionnaires géniaux qui valent leur prix et qui font presque toujours mieux que les indices», estime un spécialiste des fonds qui a préféré rester anonyme, vu qu’il compte plusieurs maisons de fonds parmi sa clientèle. «Un gestionnaire peut sécuriser ses bénéfices après une période de forte hausse ou utiliser les petites fluctuations, ce qu’un tracker ne peut pas faire. Je conseille donc d’éviter ce que nous appelons les “rip off” (arnaques): les gestionnaires qui réclament des frais de 3% et qui investissent dans de grandes actions. Avant de vous décider, regardez les 10 principales positions du fonds sur la fiche d’information. Si vous remarquez qu’elles s’écartent à peine de l’indice, alors il vaut mieux acheter un produit indiciel. En revanche, si vous voulez bénéficier de connaissances spécifiques sur de petites entreprises, certains pays ou des secteurs difficiles à comprendre, il vaut mieux acheter un fonds, à condition bien sûr qu’il affiche un excellent palmarès.»

D’après Symons, de plus en plus d’investisseurs – tant institutionnels que particuliers – construisent la base de leur portefeuille avec des ETF qu’ils complètent avec des fonds de niche gérés activement. «C’est une des raisons pour lesquelles nos trackers européens ont enregistré cette année des flux entrants record de 42 milliards de dollars. Les trackers sont très liquides. Exemple: en une semaine, pendant la vague de vente de mars dernier, pas moins de 1,4 milliard d’euros sont sortis de nos ETF d’obligations d’entreprises qui représentent au total 13,2 milliards d’euros, ce qui est énorme. Pourtant, tout le monde a pu continuer à négocier.»

Selon Symons, les trackers les plus populaires sont les ETF d’obligations et de grandes actions. En novembre, les marchés de croissance et Wall Street ont à nouveau reçu les faveurs des investisseurs, au détriment des trackers or. «Nos ETF d’obligations chinoises sont le “hit” de l’année, avec une hausse de 1 à 5 milliards d’actifs gérés. Les trackers d’investissements durables ont également le vent en poupe.»

Pour ceux qui font leurs premiers pas en bourse, il conseille deux trackers qui apportent une bonne diversification: «Si vous achetez l’ETF Global Aggregate Bond euro, qui offre une protection contre le risque de change, vous investissez dans 26.000 obligations du monde entier. Et avec le tracker World SRI Fund, vous investissez dans des entreprises durables réparties sur toute la planète.»

Radar des fonds

Pour trouver votre chemin parmi la vaste gamme de fonds et de trackers, vous devez vous demander ce que vous voulez. Souhaitez-vous surtout investir en actions ou en obligations, ou dans les deux? Préférez-vous protéger votre capital, même si, à long terme, vous devez renoncer à une partie du rendement? Ou aimeriez-vous investir dans certains pays, régions ou thèmes comme l’eau, le vieillissement de la population ou la robotique? Ces dernières années, les fonds thématiques sont devenus très populaires. Ils misent sur des mégatendances dont la croissance est plus rapide que celle de l’économie. Le radar des fonds de L’Echo peut vous aider en quelques clics à trouver les fonds qui correspondent à vos souhaits.

Pour les trackers, l’offre s’est réduite depuis 2018 parce que les autorités européennes exigent que les gestionnaires publient un document d’information détaillé pour chaque ETF proposé en Europe. Certains acteurs de trackers américains estiment que cela n’en vaut pas la peine. Vous ne pouvez donc plus acheter le très populaire tracker QQQ sur le Nasdaq, même s’il existe des alternatives européennes comme l’iShare Nasdaq 100 coté en Bourse d’Amsterdam. Si vous retrouvez «UCITS ETF» dans le nom du tracker, vous êtes à la bonne adresse. Le label UCITS garantit que le tracker peut être distribué en Europe.

Sur les sites internet des gestionnaires, vous trouverez des fiches d’information sur les fonds et les trackers. Ces documents décrivent la stratégie suivie et les principales positions du fonds. Il vaut mieux choisir des fonds ou trackers qui gèrent au moins quelques dizaines de millions d’euros, car ils sont généralement moins chers et plus faciles à négocier. Si vous choisissez un ETF, privilégiez les trackers physiques qui investissent directement dans les titres sous-jacents contrairement aux trackers synthétiques qui répliquent l’indice par l’intermédiaire de produits dérivés. Dans ce dernier cas, il y a un risque de contrepartie et les coûts sont plus élevés à long terme.

Attention aux frais

Pour chaque investissement, les frais érodent une partie du rendement. On dit souvent que les trackers sont meilleurs marchés que les fonds. C’est vrai pour les frais de gestion annuels. La gestion active d’un fonds exige de nombreuses analyses et du personnel, tandis qu’un tracker se contente de suivre un indice avec l’aide d’un simple logiciel. Même si beaucoup dépend du type de fonds et de l’institution financière dont vous êtes client. Un gestionnaire de fonds facture en général entre 1 et 3% de frais de gestion. Pour un tracker, ces frais oscillent entre 0,1% ou moins pour les ETF qui suivent des indices très accessibles comme l’indice allemand DAX ou le S&P 500 américain, et 0,6% pour les trackers spécialisés, par exemple en actions des Philippines.

Ce n’est pas le cas des trackers: cotés en bourse, vous ne payez que la commission de votre courtier à l’achat et à la vente. Mais ces frais peuvent vite monter à 7,50 euros pour des montants inférieurs à 2.500 euros. C’est un obstacle pour les particuliers investissant chaque mois de petits montants dans des trackers. Car si vous investissez 100 euros, vous perdez 7,50 euros – soit 7,5% – de votre investissement. Pour les trackers, il vaut donc mieux investir au minimum 1.000 euros, comme pour les actions.

Impôts

La fiscalité varie également d’un produit à l’autre. Pour un tracker enregistré en Belgique ou dans l’Espace Economique Européen (l’UE plus la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein), vous payez 0,12% de taxe boursière à l’achat et à la vente. Pour les autres, 0,35%. Il existe une exception importante pour les trackers de capitalisation – les ETF qui réinvestissent les dividendes perçus – pour lesquels vous devez payer 1,32% de taxe sur les transactions, à l’achat et à la vente, si ce tracker est enregistré en Belgique. Heureusement, la plupart ne le sont pas: les trackers les plus populaires ici sont d’origine luxembourgeoise ou irlandaise, ce qui vous permet de payer 11 fois moins de frais de transaction.

Avec les fonds d’investissement, la politique de distribution fait également la différence: vous ne payez rien à l’achat et à la vente de fonds de distribution – qui distribuent les dividendes perçus – mais 1,32% lors de la vente de fonds de capitalisation. L’achat est toujours exonéré d’impôt. En outre, vous devez également vous acquitter du précompte mobilier de 30% sur les dividendes des fonds traditionnels ou des trackers. Contrairement aux dividendes des actions de certains pays, vous ne pouvez pas récupérer une partie de cette taxe. Ces dividendes ne sont pas non plus pris en compte dans le panier de dividendes exonérés d’impôt déclarés sur votre fiche fiscale.

Et il ne faut pas oublier la détestée «taxe Reynders», ainsi nommée, car décrétée lorsque Didier Reynders (MR) était ministre des Finances. Ceux qui vendent un fonds ou un tracker qui investit plus de 10% dans des produits à rendement fixe doivent s’acquitter de 30% de précompte mobilier sur la plus-value de la partie du portefeuille à rendement fixe. Cette taxe provoque des maux de tête chez les gestionnaires. Certaines maisons de fonds étrangères refusent de se soumettre à ces calculs compliqués. Résultat: votre banque peut décider de taxer à la source la totalité de la plus-value. C’est un argument solide contre les fonds mixtes, qui investissent à la fois en actions et en obligations. Vous pouvez résoudre ce problème en achetant séparément des fonds d’actions et des fonds d’obligations.

Mais ne vous laissez pas déconcerter par cet imbroglio de coûts et d’impôts, car les fonds et les trackers offrent trop d’opportunités. À ceux qui n’arrivent pas à se décider entre un fonds et un tracker: achetez les deux. Chacun d’eux mérite une place dans votre portefeuille.

Copyright © 2020 Mediafin. Cet article a été reproduit avec l’autorisation de l’éditeur, tous droits réservés.

Articles liés

Investissements

Investissements

Investissements

Quiz : les investissements, vous connaissez ?

Quiz : les investissements, vous connaissez ?

Quiz : les investissements, vous connaissez ?

16 septembre 2019
Lu en 3 min

16 septembre 2019
Lu en 3 min

16 septembre 2019
Lu en 3 min

Investissements

Investissements

Investissements

Pourquoi choisir Deutsche Bank pour vos fonds ?

Pourquoi choisir Deutsche Bank pour vos fonds ?

Pourquoi choisir Deutsche Bank pour vos fonds ?

19 février 2020
Lu en 2 min 40

19 février 2020
Lu en 2 min 40

19 février 2020
Lu en 2 min 40

×