Jim Reid (Deutsche Bank) : « 2026 sera une bonne année boursière, mais avec de fortes fluctuations »

Marchés & investissements - 8 décembre 2025

Jim Reid (Deutsche Bank) : « 2026 sera une bonne année boursière, mais avec de fortes fluctuations »

Rédigé par Bas van der Hout

Article publié dans De Tijd, le 04 décembre 2025 par Bas Van Der Hout.

Selon Jim Reid, le célèbre « Market Strategist » chez Deutsche Bank, 2026 s’annonce comme une bonne année pour les marchés financiers, en partie grâce à la popularité en baisse de Donald Trump et malgré les incertitudes autour de l’intelligence artificielle.

Après une année marquée par de fortes oscillations boursières, conséquence de la politique tarifaire imprévisible du président américain Donald Trump, Jim Reid – Global Head of Macro Research chez Deutsche Bank – anticipe une année 2026 plus stable sur ce plan. « Les résultats récents des élections américaines indiquent que la popularité du président a été impactée », explique Jim Reid. « Par ailleurs, nous observons depuis longtemps que dans plusieurs pays, les élus au pouvoir doivent céder leur place lorsque le coût de la vie devient trop élevé. Ce facteur reste crucial pour les électeurs. C’est pourquoi Donald Trump a récemment consenti à certaines concessions concernant les droits de douane. »

Avec le regard tourné vers les élections de mi-mandat (midterms), Jim Reid estime que Donald Trump ne prendra pas de risques excessifs sur le plan tarifaire. « Les États-Unis souhaitent toujours maintenir un certain protectionnisme, mais la réalité politique les oblige à modérer leur action. »

L’intelligence artificielle, facteur d’incertitude

« Cela ne signifie pas pour autant que 2026 sera une année sans turbulences », poursuit Jim Reid. « Nous traversons actuellement une révolution technologique exceptionnelle – peut-être unique dans une vie – avec l’essor de l’intelligence artificielle (IA). Alors que j’ai passé les trente dernières années à identifier des facteurs freinant la productivité, nous sommes aujourd’hui face à une évolution susceptible de la stimuler significativement. »

« Cependant, de nombreuses incertitudes subsistent autour de cette technologie », nuance-t-il. « Nous ne savons pas encore quelle sera l’ampleur du gain de productivité, ni si nous disposerons prochainement d’une IA capable de penser et d’agir au niveau humain. »

À court terme, des phénomènes tels que les « hallucinations » de l’IA – lorsque celle-ci produit des réponses erronées – pourraient freiner son adoption par les entreprises. « À long terme, je ne m’en inquiète pas, car les modèles s’améliorent continuellement. Si je me réfère à mes propres expériences, je remarque que je dois encore vérifier les réponses de l’IA, mais cette technologie m’a déjà permis d’accroitre ma productivité. »

Qui profitera le plus de l’IA ?

Une autre grande incertitude pour les marchés concerne l’identification des véritables bénéficiaires de cette révolution technologique. « Les grandes entreprises technologiques investissent massivement dans l’IA, mais il n’est pas certain qu’elles soient les principales gagnantes. Le marché semble aujourd’hui trop confiant à cet égard. C’est une possibilité, mais sans garantie. »

« Il est également possible que ces investissements développent la technologie, mais que son utilisation devienne largement accessible, entraînant une forte concurrence et une chute des prix. Dans ce cas, ce serait la société dans son ensemble qui bénéficierait de ces avancées, et non nécessairement les géants technologiques. »

« Il se peut même que des entreprises actuellement moins performantes deviennent les grandes gagnantes, par exemple si l’IA leur permet d’améliorer considérablement leur efficacité. Ces nombreuses incertitudes autour de l’intelligence artificielle pourraient provoquer en 2026 de fortes fluctuations du sentiment sur les marchés ou autour de certaines actions. »

Actions européennes

Jim Reid estime que les actions européennes – moins exposées à l’IA – pourraient représenter une alternative plus sûre aux actions américaines. L’Allemagne, première économie de la zone euro, pourrait même réserver une surprise. « De plus en plus d’investisseurs doutent de l’efficacité du plan de relance allemand, principalement à cause des querelles politiques au sein du gouvernement. Entre-temps, les fonds du plan de relance commencent à peine à agir sur l’économie. »

« La situation devrait évoluer l’an prochain », précise Jim Reid. « Le budget 2026 ayant été approuvé, les fonds seront pleinement injectés dans l’économie. Nous prévoyons ainsi une croissance de 1,5% pour l’Allemagne, après six années de stagnation. Étant donné les attentes très modestes du marché, cela pourrait constituer une agréable surprise. »

Obligations

Jim Reid privilégie par ailleurs les actions aux obligations. « Nous anticipons un léger rebond des taux d’intérêt à long terme. » Il prévoit que la Réserve fédérale (Fed), après une prochaine baisse de taux (prévue ce mois-ci), n’en effectuera qu’une seule en 2026, plus précisément en septembre. Cette prévision est plus prudente que celle du marché, qui table sur deux à trois baisses de taux l’an prochain.

« Pour la Banque centrale européenne (BCE), nous envisageons même une hausse des taux dès le premier semestre 2027 », ajoute Jim Reid. « L’inflation, grâce à un effet de base favorable sur l’énergie, devrait passer sous l’objectif de 2% en début d’année. Cependant, nous pensons que la BCE restera attentive à une inflation plus élevée plus tard dans l’année, notamment grâce au plan de relance allemand, et pourrait alors relever les taux. »

Profil de Jim Reid

Britannique de 51 ans, Jim Reid est Global Head of Macro Research chez Deutsche Bank, en d’autres termes le stratège de marché de la banque. Sa newsletter quotidienne, Early Morning Reid, existe depuis 18 ans et compte des dizaines de milliers de lecteurs.

Jim Reid travaille depuis trente ans dans le secteur financier, principalement chez Deutsche Bank depuis 2004. Avant de devenir Strategist, il a exercé une fonction commerciale durant quelques années, notamment auprès de hedge funds. Il est diplômé en économie et histoire économique de l’université de Warwick et est un pianiste amateur passionné, n’hésitant pas à se produire lors d’événements clients de Deutsche Bank.

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