economie mondiale

Marchés

L’économie mondiale remet le cap sur la croissance

30 mars 2021 - Lu en 3 min 30

Rédigé par

David Ghezal

Investment Strategist

En résumé

  • En 2021, la croissance mondiale devrait être de 5,3%.
  • Le rythme de la reprise variera fortement selon les régions, avec l’Asie en tête, les États-Unis dans le peloton et la zone euro à la traîne.
  • Dans la zone euro, les taux planchers, les achats massifs d'obligations et l'octroi de liquidités abondantes aux banques restent la norme.

1. États-Unis : reprise sur les rails et croissance revue à la hausse

Par le passé, les États-Unis sont toujours parvenus à digérer rapidement les crises économiques. Une prouesse qu’ils devraient rééditer une fois de plus. L’économie US profite de sa résilience et de sa compétitivite, tandis que le pays se distingue aussi par sa politique de vaccination (25% des Américains avaient déjà reçu au moins une première injection au 24 mars 2021). Grâce à ces atouts, l’économie devrait se rétablir rapidement. Le marché de l’emploi fournit déjà des signes avant-coureurs : en février, 379.000 emplois ont été créés, et le taux de chômage a diminué, à 6,2%. Certes, il reste du chemin à parcourir vers un rétablissement complet, mais les paramètres sont bien orientés pour les trimestres à venir.

L’économie américaine peut aussi compter sur la puissance de feu du gouvernement et de la Réserve fédérale (Fed). Après deux premières enveloppes de 2.200 et 900 milliards de dollars en mars et en décembre 2020, un nouveau plan d’aide à l’économie de 1.900 milliards a récemment été adopté par le Congrès.

Des chèques et des mesures de soutien

Une fois de plus, les ménages américains recevront un chèque. Quelque 85% d’entre eux percevront cette fois 1.400 dollars, tandis que les allocations de chômage seront majorées de 300 dollars par semaine jusqu’à début septembre 2021. D’autres mesures de soutien sont prévues pour les petites entreprises, pour les secteurs les plus lourdement impactés et pour les États et les collectivités locales. Enfin, 400 milliards de dollars seront consacrés à la lutte contre le coronavirus.

La Fed continuera à soutenir l’économie et a déjà annoncé qu’elle n’a pas l’intention de durcir sa politique monétaire dans un avenir proche, même si l'inflation devait dépasser temporairement les 2%. Selon nous, la Fed devrait maintenir son principal taux directeur entre 0% et 0,25% jusqu'à fin 2023, et poursuivre son programme d’achats d’obligations au rythme actuel de 120 milliards de dollars par mois. Une diminution des achats d’obligations ne devrait pas intervenir avant 2022.

2. Zone euro : retour en récession, croissance revue à la baisse

À l’instar des autres régions du monde, l’Europe a subi en 2020 une récession sans précédent, mais néanmoins moins sévère que prévu (-6,8%). Pour le Vieux Continent, la sortie de crise se fait plus laborieusement qu’outre-Atlantique. Les débuts tardifs et chaotiques des campagnes de vaccination, une couverture vaccinale encore très incomplète ainsi que la prolongation des mesures de confinement sont autant de bâtons dans les roues de la relance.

Une fois de plus, les effets de la pandémie se font surtout ressentir dans le secteur des services, et tout indique que la zone euro retombera en récession au 1er trimestre 2021. Bien que la visibilité sur le timing et l’ampleur de la reprise reste faible à ce stade, on peut raisonnablement s’attendre à ce que la vaccination gagne en intensité dans les semaines à venir. Cette avancée devrait entrouvrir la porte à un assouplissement graduel des restrictions, entraînant une réelle reprise économique d'ici à l'été.

Le taux de chômage, jusqu’à présent sous contrôle (8,1%), devrait augmenter au fil des mois. Les États européens ont eu recours aux grands moyens pour préserver les ménages et les entreprises des conséquences de la pandémie. En comparaison avec le tir de barrage américain, l’impact des mesures de soutien budgétaires reste plus limité dans la zone euro.

La BCE n’a aucune raison de changer de cap

Le fonds de relance ‘Next Generation EU’ – une enveloppe de 750 milliards d’euros – ne devrait générer une impulsion positive et soutenir la croissance qu’à partir du second semestre de cette année, en particulier dans les pays les plus lourdement impactés par la pandémie, c’est-à-dire l’Italie et l’Espagne. Ces deux nations seront sans doute les dernières de la zone euro à revenir (en 2023) aux niveaux de production d’avant-crise.

Dans un tel contexte, la Banque centrale européenne (BCE) n’a aucune raison de changer de cap. Les taux planchers, les achats massifs d’obligations et l’octroi de liquidités abondantes aux banques resteront ses lignes directrices. La hausse des taux obligataires étant de nature à mettre en danger l’amorce de reprise, la BCE a annoncé son intention d’intensifier dès le trimestre prochain ses achats d’obligations dans le cadre du PEPP – doté de 1,850 milliard d’euros et courant jusqu’en mars 2022.

3. Royaume-Uni : une lumière au bout du tunnel

Le Royaume-Uni est en train d’orchestrer efficacement sa campagne de vaccination. Ce succès contribue à améliorer ses perspectives économiques pour 2021, après une annus horribilis clôturée sur un cinglant -9,9%. Mais le gouvernement britannique et la Banque d’Angleterre restent au chevet de l'économie. Des mesures de soutien budgétaire massives sont déployées pour soutenir l’emploi et les entreprises, tandis que la politique monétaire reste particulièrement accommodante. De fait, ce ne sont pas les défis politiques et économiques qui manquent, maintenant que le Brexit est devenu réalité.

Bien que la priorité soit accordée pour l’instant à la mobilisation de l’économie, le Royaume-Uni est le premier pays à avoir annoncé une future hausse des impôts. Dès que la reprise se sera stabilisée, l’impôt des sociétés sera majoré de 19% à 25%, sauf pour les PME, et ce à partir de 2023. Quant au socle de revenus exonérés d’impôts pour les particuliers, il sera gelé jusqu’en 2026.

4. L’Asie, championne du monde de la croissance

Parmi les régions émergentes, l’Asie fait figure de championne incontestée. La région connaîtra le rétablissement le plus rapide et tirera la croissance mondiale.

La Chine est le premier pays à être sorti de la crise (2,3% de croissance en 2020) et devrait atteindre cette année une croissance de 8,7%, grâce à sa demande intérieure et à une nette augmentation de ses exportations. Le gouvernement chinois ambitionne une croissance d’au moins 6% pour 2021, une inflation de 3% et la création de 11 millions d’emplois. En affichant des ambitions aussi “modestes”, Pékin fait clairement savoir que son objectif premier est d’éviter toute surchauffe de l’économie. La Chine recherche avant tout une ‘croissance qualitative’, financée moins par la dette mais davantage par des gains de productivité générés par des réformes et par l’innovation.

L’Inde devrait faire encore mieux que la Chine

L’Inde s’est extirpée de récession fin 2020 et devrait faire mieux que son voisin chinois cette année, avec une croissance de 11%. L’Inde deviendrait ainsi le pays avec la plus forte croissance au monde, en s’appuyant sur une vaccination accélérée et sur un budget ambitieux. L’État est déterminé à intensifier les investissements dans les infrastructures publiques et les soins de santé, ainsi qu’à poursuivre la réforme du marché du travail. Il a aussi l’intention de stimuler l’industrie manufacturière (électronique, automobile, produits pharmaceutiques) et d’encourager les investissements étrangers directs. L’Inde souhaite de cette façon accroître la compétitivité de son industrie.

5. L’Amérique latine toujours à la peine

Les perspectives de l’Amérique latine sont loin d’être aussi réjouissantes que celles de l’Asie. Le Brésil – la plus grande économie du continent – est parvenu à limiter la contraction du PIB à 4,1% en 2020 grâce aux aides d’urgence des pouvoirs publics et à un confinement ‘light’. Ce faisant, le Brésil s’en est mieux sorti que ses voisins (le Mexique a chuté deux fois plus, par exemple) mais n’est pas tiré d’affaire pour autant. Le pays continue à payer un très lourd tribut à la crise sanitaire, notamment en vies humaines. La campagne de vaccination est à l’arrêt, l’aide d’urgence a été suspendue fin 2020 et la situation sur le marché de l’emploi reste délétère. La situation critique des finances publiques et le plafond de dépenses fixé par la constitution réduisent la marge budgétaire à peau de chagrin. Ces facteurs, combinés à la gestion chaotique du gouvernement Bolsonaro et à son immixtion dans la vie des affaires, augurent d’une année 2021 pour le moins difficile, même si le Brésil devrait profiter, lui aussi, de la reprise mondiale.

Prévisions de croissance pour 2020 – 2021 (PIB réel, %)

  2020 2021
Monde -3,4 5,3 (+0,1) [1]
États-Unis -3,5 5,0 (+1,0)
Zone euro -6,8 3,5 (-2,0)
Allemagne -4,9 3,0 (-1,5)
Italie -8,9 3,0 (-2,0)
Royaume-Uni -9,9 4,5
Japon -4,8 2,5 (-0,5)
Chine 2,3 8,7 (+0,5)
Inde -7,7 11,0 (+1,0)
Brésil -4,6 3,0 (+0,5)
Russie -3,1 3,0

Source : Deutsche Bank Wealth Management, mars 2021
[1] Entre parenthèses, les différences par rapport aux prévisions de décembre 2020

Est-ce le moment de revoir la composition de votre portefeuille ?


Appelez nos experts de Talk & Invest au 078 156 157.

Prenez rendez-vous dans votre Financial Center au 078 155 150.

Articles liés

Marchés

Marchés

Marchés

Faut-il avoir peur de l’inflation ?

Faut-il avoir peur de l’inflation ?

Faut-il avoir peur de l’inflation ?

26 mars 2021 - Lu en 4 min

26 mars 2021 - Lu en 4 min

26 mars 2021 - Lu en 4 min

×