Gestion active vs. gestion passive, aussi pour les fonds ESG

Investissements

Gestion active vs. gestion passive, aussi pour les fonds ESG

2 août 2021 - Lu en 2 min.

Article paru dans De Tijd le 13 juillet 2021.

En résumé :
  • Les fonds ESG représentent souvent le premier choix pour les investisseurs à la recherche de placements durables.
  • Les performances n'ont rien à envier aux fonds classiques. 
  • L'offre a considérablement augmenté. La croissance des trackers ESG est encore plus forte. 

Si l'on en croit une récente étude internationale de Deutsche Bank, les fonds d'investissement ont largement la préférence des Belges lorsqu'il s'agit d'investir dans des produits durables. Sept Belges sur dix préfèrent ainsi les fonds aux actions individuelles ou aux trackers. Essentiellement pour une question de connaissances et de confiance. Pratiquement toutes les maisons de fonds possèdent un département qui s'occupe spécifiquement des investissements ESG, pour Environnement, Société et Gouvernance. Ces gestionnaires associent des critères de durabilité à leur analyse financière, rendant le processus d'analyse sensiblement plus complexe.

« Les investissements durables exigent un important travail préparatoire en termes de recherches, d'analyse et de sélection. Un gestionnaire de fonds dispose d'outils qu'un investisseur particulier n'a pas. Un fonds ESG offre dès lors une sorte de sécurité », explique Wim D’Haese, Head Investment Strategist chez Deutsche Bank à Bruxelles.

Le nombre de fonds durables disponibles augmente également. Plus d'un quart des fonds d'investissement sur le marché belge possèdent des caractéristiques de durabilité selon une récente étude de la FSMA, le chien de garde belge des marchés financiers.

Tous les fonds ESG sont-ils comparables au niveau de la durabilité ?

Il y a, à vrai dire, des gradations en termes de durabilité. La première étape consiste généralement à éliminer certains secteurs ou activités (comme l'armement, le tabac, le charbon, le travail des enfants...). Ensuite, nous passons aux entreprises prêtes à faire un effort pour réduire par exemple leurs émissions de CO₂. Les entreprises qui veulent avoir un certain impact et contribuer aux objectifs de développement durable des Nations Unies (SDG) sont encore mieux cotées.

Pour plus de clarté, l'Europe est intervenue. Depuis le 10 mars, le Règlement européen sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (SFDR) est entré en vigueur. Ce dernier répartit les fonds en 3 catégories : ceux avec un simple objectif durable relèvent de l'article 9 et ceux qui présentent de vraies caractéristiques de durabilité de l'article 8. Tous les autres appartiennent à la troisième catégorie.

« Le SFDR explique comment communiquer sur un tel produit d'investissement. Un label est un gage de qualité : il regarde aussi comment la politique de durabilité est mise en pratique », précise Tom Van den Berghe, conseiller senior finance durable chez Febelfin.

Les fonds ESG performent-ils aussi bien que les fonds classiques ?

« Oui », dit Wim D’Haese. On a longtemps été persuadé qu'investissement durable rimait avec faible rendement. Plusieurs études montrent aujourd'hui le contraire. DWS, la société de gestion d'actifs de Deutsche Bank, a épluché plus de 2.000 études qui se sont penchées sur le lien entre ESG et performances financières des entreprises. Dans 92 % des cas, elle a constaté une corrélation positive ou neutre. Les sceptiques avancent qu'il est difficile de savoir si cela est lié aux critères ESG ou à une autre raison sous-jacente, alors qu'il n'existe pas de définition claire et univoque de la durabilité.

Comme pour les fonds classiques, l'opposition entre fonds durables gérés activement et « trackers durables » ou « trackers ESG » meilleur marché est également de mise. Pour Léa Dunand-­Chatellet, responsable Durabilité auprès du gestionnaire d'actifs français DNCA, on peut parler pour ces derniers d'un oxymore. « Comment peut-on parler de produit durable s'il n'y a pas de gestion active ? »

“ Comment peut-on parler de produit durable s'il n'y a pas de gestion active ? “

Léa Dunand-­Chatellet, responsable Durabilité auprès du gestionnaire d'actifs français DNCA

Les trackers durables connaissent pourtant un certain succès. « Leur croissance est bien plus rapide que celle des variantes non ESG », explique Charles Symons, responsable commercial auprès du gestionnaire d'actifs BlackRock pour la Belgique et le Luxembourg. Les coûts moins élevés n'y sont certainement pas étrangers. 

Si j’investis dans un tracker ESG, comment être sûr(e) que cet investissement est réellement durable ?

« Cela dépend du benchmark », dit Charles Symons. Pour un tel benchmark, des gradations de durabilité sont possibles. Vous commencez avec un indice principal dont vous éliminez un certain nombre de secteurs. À un stade suivant, les sociétés retenues doivent aussi viser une amélioration, comme réduire les émissions de 30% ou ne pas pratiquer d'exploitation sociale. Une troisième catégorie de trackers ESG se limite aux 25 ou 50 meilleures entreprises par secteur. Une quatrième ne reprend que les entreprises « ayant un impact mesurable pour les investisseurs ».

Le benchmark durable est composé par des créateurs d'indices comme MSCI, souvent à la demande et sur mesure pour une société de gestion d'actifs. Les données nécessaires dans ce cas sont de plus en plus disponibles et aussi de plus en plus structurées. Les entreprises cotées en Bourse doivent publier leurs données de durabilité. iShares, la division ETF de BlackRock, achète le benchmark et le reproduit dans son tracker.

« Cela ne s'arrête pas là », ajoute Charles Symons. « Nous interpellons aussi les sociétés, par exemple lorsqu'elles font de mauvais choix. Nous menons une politique de durabilité très active. » Un fonds ESG à gestion active peut « voter avec ses pieds » (lisez, sortir de la société, ndlr.), mais pas un fonds passif. « Nous sommes donc en quelque sorte le cheveu dans la soupe. Nous avons déjà obtenu pas mal de choses de sociétés dont des gestionnaires de fonds actifs étaient sortis. » 

Koen Lambrecht

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