« Cette émission de bons d’État est un échauffement avant septembre »

Marchés & investissements - 27 mai 2024

« Cette émission de bons d’État est un échauffement avant septembre »

Rédigé par Xander Vlassenbroeck

Article publié dans l'Echo le 25 mai 2024.

Pour Olivier Delfosse, le CEO de Deutsche Bank Belgique, la concurrence bancaire se joue désormais plus entre les comptes à terme qu’avec le bon d’État, et sera surtout intense en septembre, après le remboursement des 22 milliards d’euros du premier bon d’État à un an.

Une nouvelle campagne de souscription aux bons d’État a démarré ce vendredi, et comme la précédente en mars, elle ne devrait probablement pas atteindre le record de septembre 2023. Car malgré des taux plus élevés que lors de la dernière émission – 3,2% pour l’échéance à un an et 2,8% à huit ans – la disparition définitive de l’avantage fiscal exceptionnel de l’été dernier a ramené le précompte mobilier à 30%, réduisant les rendements respectifs de ces deux bons d’État à 2,24% et 1,96% en net.

« Les comptes à terme, ça, c’est important »

En conséquence, les produits d’épargne proposés par certaines banques sont soumis à la même fiscalité et peuvent désormais rivaliser avec le bon d’État, en particulier pour la très populaire échéance à un an. Un rapide coup d’oeil aux comparateurs révèle ainsi que les comptes à terme de Santander ou de Beobank affichent des taux identiques, ou même très légèrement supérieurs, tout comme les bons de caisse relancés par BNP Paribas Fortis ce jeudi. C’est aussi le cas chez Deutsche Bank Belgique, qui dit avoir été « agressive très tôt sur les comptes à terme », comme nous le rappelle son CEO, Olivier Delfosse. Pour l’occasion, la banque spécialisée dans les produits d’épargne et d’investissement à destination des clients privés a relevé le taux des dépôts à un an à 3,25% brut, soit 2,275% net (à partir de 100.000 euros), bien qu’elle ne semble pas considérer le bon d’État comme une concurrence très féroce. « L’acheteur du bon d’État, c’est un épargnant, pas un investisseur. Avec le bon d’État de septembre, on sentait la demande. Les clients et les prospects nous appelaient en nous demandant : est-ce que vous allez l’offrir ? Est-ce qu’on peut l’acheter chez vous ? »

À la chasse aux clients « stratégiquement intéressants »

La situation est différente aujourd’hui, observe Olivier Delfosse. Oui, il y a toujours une demande. On l’a dans notre offre et on l’a toujours eu, mais vu qu’on a une part de marché de l’épargne en Belgique limitée, ce n’est pas si important pour nous. Les comptes à terme, où on représente 6,5-7% du marché, ça, c’est important.

Selon le CEO de la branche belge du géant allemand, la concurrence se joue en effet aujourd’hui moins sur le bon d’État qu’entre les banques elles-mêmes. Ce qui était précisément l’objectif initialement visé par le bon d’État fiscalement avantageux lancé par le ministre des Finances Vincent Van Peteghem en septembre.

« La concurrence du bon d’État, en fait, elle est toujours là, avec les OLO (obligations de l’État belge qui peuvent être achetées sur le marché secondaire). Donc, le client qui veut ce risque peut déjà avoir ce rendement, il ne doit pas attendre le bon d’État », note Olivier Delfosse. « Mais c’est intéressant parce que ça réactive la concurrence. Le bon d’État, c’est un moment de buzz qui fait que durant la semaine de souscription, il se peut que l’un ou l’autre acteur soit plus agressif. Nous, cela ne va pas trop nous faire bouger parce qu’on fait en sorte de rester constamment en tête des classements » Avec un certain ticket d’entrée en revanche, puisque les comptes à terme de Deutsche Bank sont destinés à des clients « affluents ». Comprenez : fortunés, avec au moins 100.000 euros à placer. Une stratégie défendue par le CEO, qui a opéré le virage vers la banque privée de DB en Belgique ces dernières années. « On a mis ce montant-là pour être sûr d’attirer des clients qui sont stratégiquement intéressants pour nous et qu’on ne va pas décevoir, car nous n’offrons pas tous les produits destinés aux clients retail. » Et contrairement aux grandes banques qui sont discrètes sur les taux offerts par leurs comptes à terme, pour Deutsche Bank, ceux-ci représentent un vrai produit d’appel, et servent ensuite à développer une relation durable avec les clients.

Les obligations comme ripostes en septembre

Pour Olivier Delfosse, il faut toutefois rappeler qu’il ne s’agit pas nécessairement des produits les plus attractifs. Il cite par exemple les obligations, en particulier celles qui ont été émises sous le pair ou à coupon zéro, où de meilleurs rendements nets peuvent être obtenus, car il n’y aura pas ou peu de précompte mobilier à prélever. La banque compte d’ailleurs mettre en avant son offre active d’obligations lors de l’échéance du bon d’État à un an de 2023 en septembre prochain. « Nous serons prêts avec une offre la plus compétitive possible », prévient déjà le CEO, « impatient d’être à ce moment-là ».

Quant à la campagne de souscription en cours, « c’est un tout petit échauffement, il n’y a pas d’enjeu. » « En septembre 2023, il y a 22 milliards d’euros qui ont quitté le bilan des banques. Elles vont tout faire pour reprendre ces liquidités. Et nous, on va tout faire pour en capter une partie » Le rendez-vous est pris.

« On a mis ce montant-là pour être sûr d’attirer des clients qui sont stratégiquement intéressants pour nous et qu’on ne va pas décevoir, car nous n’offrons pas tous les produits destinés aux clients retail. »

OLIVIER DELFOSSE
CEO DE DEUTSCHE BANK BELGIQUE

Partagez cet article

×