Rédigé par

Nicolas Dôme
Product Manager – Structured Products

En résumé :

En quelques années, la fintech (contraction des mots «finance» et «technologie») a changé fondamentalement la donne dans le monde de la finance et de nouvelles évolutions sont à prévoir à l’avenir.
Selon certains analystes, les entreprises de la fintech devraient continuer à s’imposer. L’investisseur doit évidemment avoir conscience des risques pris en misant sur ces sociétés.

Depuis une dizaine d’années, la fintech est en forte croissance. Ce secteur regroupe les entreprises actives dans l’application et le développement de nouvelles technologies aux nombreux services financiers, d’où le nom de « fintech », contraction des mots « finance » et « technologie ».

Pourquoi la fintech est en plein essor

Dans ce domaine comme dans d’autres, les percées réalisées dans l’informatique et les télécommunications sont en train de changer fondamentalement la donne. Les banques, les compagnies d’assurances, les fournisseurs de moyens de paiement, les gestionnaires de fonds ou encore les opérateurs de marchés boursiers qui pourront s’adapter rapidement à l’émergence de nouveaux outils technologiques, seront à même d’offrir de meilleurs services à leurs clients, qui sont par ailleurs de plus en plus séduits par les innovations développées dans le monde financier.

Les atouts de la fintech

1. Elle est « disruptive »

La fintech est dite « disruptive », ce qui signifie qu’elle provoque des changements importants en peu de temps sur le marché des services financiers. Prenons l’exemple des services bancaires traditionnels en Belgique. Il y a trente ans, les consommateurs belges réalisaient la plupart de leurs opérations bancaires en agence¹. Dans les années 1990, les banques ont introduit la possibilité pour les clients de réaliser des virements à domicile, d’abord par téléphone, puis, à la fin des années 1990, via internet.

Dans les années 2010, les premières applications bancaires mobiles pour les smartphones et les tablettes sont apparues. Aujourd’hui, c’est-à-dire moins de dix ans plus tard, sept Belges sur dix déclarent utiliser des services bancaires via une application². Ils seront encore plus nombreux à le faire à l’avenir puisque près de neuf jeunes sur dix utilisent déjà des applications bancaires.

2. Elle continue à se développer rapidement

La transformation numérique ne touche pas seulement les services bancaires classiques. L’ensemble du monde de la finance est en pleine digitalisation et le mouvement ne faiblit pas. Ainsi, l’intelligence artificielle est désormais utilisée pour mieux répondre aux attentes des clients, pour les conseiller efficacement ou encore pour prédire des défauts de paiement³. Le recours au « big data », c’est-à-dire le traitement informatisé d’immenses quantités de données, permet d’optimiser les services financiers.

Par ailleurs, les réseaux sociaux et autres moyens d’interaction directs avec les clients, comme les systèmes de messagerie (« chat ») en direct, entrent de plus en plus dans les habitudes. Les innovations technologiques permettent aussi d’accélérer les transactions financières, un paramètre capital pour les plateformes boursières notamment⁴. Elles offrent également de nouvelles manières de réaliser des paiements⁵. Le secteur de la fintech est donc en pleine effervescence et promet de continuer à bouleverser les métiers de la finance.

3. Elle tire parti de la crise sanitaire

Cette (r)évolution du secteur financier, déjà rapide au cours des dernières années, s’est encore accélérée depuis la crise sanitaire. En effet, les consommateurs, confinés chez eux et sensibilisés à l’importance de limiter les contacts pour réduire la propagation du coronavirus, ont été nombreux à se tourner vers le commerce en ligne et les nouveaux moyens de paiement.

Ainsi, durant le premier semestre 2020, les ventes par internet ont bondi de 20% en Belgique⁶. Et même si nous parvenons à surmonter la crise sanitaire, cette tendance à réaliser davantage d’achats en ligne ne devrait pas disparaître à l’avenir. Lors du premier déconfinement, durant l’été 2020, on avait en effet observé une persistance de la progression des achats à distance dans notre pays⁷.

Face au risque sanitaire, les consommateurs plébiscitent aussi de plus en plus les paiements sans contact. En Belgique, l’année dernière, les paiements sans contact ont enregistré une croissance sans précédent de plus de 280% par rapport à 2019⁸. Désormais, plus de quatre paiements par carte sur dix sont réalisés sans contact. Cette technologie a donc encore une marge de progression mais sa croissance récente est déjà impressionnante. La crise sanitaire a aussi incité les banquiers et autres conseillers financiers à privilégier les canaux numériques pour communiquer avec leurs clients. Les plateformes sécurisées à destination du secteur financier ont enregistré une intense activité durant les périodes de confinement.

4. Elle devrait continuer à se distinguer

Les entreprises de la fintech actives dans tous les domaines évoqués dans cet article ont logiquement tiré profit de cette accélération du recours aux nouvelles technologies dans la finance. D’après les analystes de Bloomberg Intelligence⁹, les fintechs devraient continuer à tirer leur épingle du jeu. Les néo-banques et les services de paiement en ligne devraient continuer à attirer des clients.

Avoir conscience des risques et diversifier ses placements

Comme tout autre secteur, la fintech comporte des risques. Les récentes faillites de l’allemand Wirecard et du britannique Greensill Capital démontrent que les problèmes de mauvaise gestion qui ont déjà fait vaciller des sociétés financières traditionnelles dans le passé peuvent également toucher des entreprises actives dans la fintech.

En outre, ce secteur est également constitué de start-ups, c’est-à-dire des entreprises très jeunes, soumises aux aléas de l’évolution future de leur marché. Conclusion : dans la fintech comme dans d’autres secteurs, les investisseurs désireux de miser sur ces entreprises innovantes doivent avoir conscience des risques encourus. Un portefeuille robuste, articulé sur une judicieuse diversification des classes d’actifs, reste indispensable pour traverser les grains potentiels.